Effrayés par l’égalité : les candidats aux départementales qui ont signé la charte de la Manif pour Tous

Comme en 2014 avec les municipales, la Manif pour Tous a appelé les candidats aux départementales à signer une charte... avec un succès mitigé qu’elle cherche visiblement à masquer. On vous donne les noms des signataires locaux.

Un an après sa charte des municipales, la Manif pour Tous remet le couvert avec une charte pour les départementales. Les thématiques ne changent pas vraiment : crispation maladive autour de l’inamovible famille nucléaire hétérosexuelle qui serait menacée de disparition, considérations anthropologiques angoissées sur le mariage homosexuel et l’homoparentalité, effroi face à l’enseignement de l’égalité homme-femme dans les écoles (qualifié de théorie du genre, ce terme étant le plus souvent anglicisé en « gender » pour que ça fasse plus peur).

Avec leurs mots ça donne ça (entre autres) :

Au chapitre « mes convictions » :

  • La famille, socle fondamental et avenir de la société, doit être reconnue, protégée et soutenue.
  • La famille a vocation à jouer un rôle social majeur. C’est le lieu privilégié pour l’exercice du respect, de la solidarité et de la transmission au sein des couples et entre les générations.
  • Il appartient au père et à la mère de déterminer et de choisir l’éducation de leurs enfants.
  • La lutte contre les discriminations doit être menée au nom du principe de la dignité de toute personne humaine. Elle ne peut être détournée et dénaturée au profit d’un militantisme promouvant « l’identité de genre » qui nie l’identité sexuée homme/femme des personnes, réalité objective, inhérente à toute l’humanité.

Au chapitre « mes engagements » :

  • Veiller à ce que les organismes et personnes habilitées par le Conseil Départemental à intervenir dans les collèges publics respectent la neutralité de l’enseignement.
  • M’opposer à tout soutien du Conseil Départemental ou d’un de ses organismes, qu’il soit financier, matériel ou logistique, à toute organisation promouvant l’idéologie du genre en milieu scolaire.
  • Veiller à ce que les dossiers de demandes d’adoption soient examinés sans idéologie aucune, dans le respect des personnes et de l’intérêt supérieur de l’enfant.

On note des conceptions manifestement curieuses des concepts d’idéologie et de neutralité. On note surtout la paradoxale élévation du supposé intérêt de l’enfant comme sommet des priorités et sa réduction quasi-immédiate aux choix que font pour lui ses parents bien sous tous rapports selon la conception de la Manif pour Tous. L’intérêt de l’enfant ce serait donc d’être catholique, hétérosexuel et surtout viril et fort si c’est un petit mâle ou douce et tendre si c’est une petite fille.

L’année dernière de nombreux candidats du coin avaient signé la charte des municipales, certains d’entre eux sont devenus conseillers municipaux ou adjoints voire responsables des écoles, comme à Tours. Cette année encore la liste des élus compte un certain nombre de candidats locaux, tous encartés à l’UMP ou au FN (la plupart sont candidats pour le parti d’extrême-droite). Afin que vous puissiez savoir qui dans votre coin est obsédé par le terrifiant « gender » ou qui fait des crises d’angoisse quand il croise un couple homosexuel, on vous en donne la liste.

Notons qu’il n’existe pas de liste sur le site de la Manif pour Tous, ce qui rend difficile une vision globale. L’organisation ne donne d’ailleurs pas de chiffre national, ce qui reflète probablement un relatif échec de cette campagne de signature (en Indre-et-Loire, on trouve 9 signataires dans 7 cantons (sur 19 cantons en tout, ce qui n’est pas non plus exceptionnel comme réussite)). Enfin, il ne faut pas vouloir avoir l’information sur un trop grand nombre de cantons. Au bout de cinq requêtes différentes le site refuse de répondre en affichant « trop de données chargées ». Une fois l’IP de l’ordinateur changée les résultats réapparaissent avant qu’il ne faille en changer de nouveau. Pas envie qu’on s’amuse à dresser des listes la Manif pour Tous ? C’est raté !

Capture d’écran de ce qui se produit au bout de 5 requêtes consécutives sur le site de la charte des départementales

Liste des signataires de Tours et ses alentours :

En Indre-et-Loire
René Sautereau (FN, Amboise)
Nelly Sellier (FN, Amboise)
Michèle Mermet (FN, Bléré)
Laure-Marie Chouffot (FN, Descartes)
Véronique Péan (FN, Joué-lès-Tours)
Valérie Gervès (UMP, Loches)
Jean-Yves Couteau (UDI, Saint-Cyr-sur-Loire)
Pierre-Louis Mériguet (FN, Saint-Cyr-sur-Loire) [1]
Cécile Chevillard (UMP, Tours 1)
Cécile Courier (UMP, Tours 2)
Stanislas de La Ruffie (FN, Vouvray) [2]
Elisabeth Collet-Guimon (FN, Vouvray)

En Loir-et-Cher
Olivier Besnard (FN, La Beauce)
Mathilde Paris (FN, Blois 3)
Laurent Bras (FN, Blois 3)
François Gabillas (FN, Romorantin-Lanthenay)
Hubert de Pirey (FN, Selles-sur-Cher)
Sylvie Barbeau (FN, Vendôme)
Renaud Grazioli (FN, Vendôme)
Miguel de Peyrecave (FN, Vineuil)

On note la présence dans cette liste d’une conseillère municipale de Tours (Cécile Chevillard) déjà signataire de la charte des municipales et ayant depuis eu le droit de siéger dans les conseils d’écoles et les conseils d’administration des collèges et lycées de la commune.

On note aussi celle de la responsable départementale du FN en Indre-et-Loire (Véronique Péan). En revanche pas de Pierre-Louis Mériguet ou de Jean-Pierre Sanchez pourtant engagés de longue date dans le combat contre l’égalité et l’homosexualité.

Illustration : cbecker-tours

Notes

[1Mériguet a signé la charte après la publication de cet article. D’où le commentaire le concernant plus bas dans l’article.

[2Stanislas de La Ruffie qui avait été giflé par Pierre-Louis Mériguet à la sortie de la messe en janvier 2013.