« Vivement le prochain arrêté pour la tranquillité publique ! » : c’est ainsi qu’Olivier Collet titre l’interview-portrait de M. Lebreton disponible sur info-tours. Dès la première ligne, le ton est donné.
En mai dernier, lorsque l’arrêté anti-mendicité-qui-ne-disait-pas-son-nom est entré en vigueur, Serge Babary, nouveau maire de Tours et Olivier Lebreton son adjoint à la sécurité, assuraient qu’il serait appliqué avec discernement. Quelques mois plus tard, l’adjoint semble avoir revu sa position (il paraît même qu’il « assume tout ») :
Allez-vous le reconduire et quand ?
« Je le mettrais bien en place pour tout le mandat mais c’est impossible car la jurisprudence exige que la mesure soit limitée dans le temps et le périmètre. J’espère prendre un nouvel arrêté pour les fêtes, et dès le 1er décembre ça m’arrangerait (...). Je ne veux pas faire partir tout le monde mais si on me téléphone pour me dire qu’une personne avec un chien ou un SDF avec une guitare dérange, mon boulot c’est d’écouter et de dire « monsieur, allez jouer ailleurs ». »
Voilà donc les enseignements du nouveau chef de la police municipale à ses ouailles : « du social on en fait déjà beaucoup » et puis, de toutes façons, les SDF n’ont qu’à aller jouer de la guitare ailleurs (sic). Et Lebreton de déclarer qu’il a versé 4 500 euros à l’association La Barque, comme s’il les avait tirés de sa poche.
Comme un précédent article publié sur La Rotative l’avait signalé, l’arrêté anti-mendicité est une manière de conforter la police municipale et d’orienter plus directement son action vers la chasse aux pauvres. Virer ces « individus » du centre-ville, c’est une bonne manière d’invisibiliser la misère qui frappe de plus en plus de foyers.
« L’idée c’était notamment de faire déplacer ou partir les bandes à chiens et la police menait peut-être 10 interventions par jour. Ça a été difficile les 15 premiers jours de mai mais au fil du temps, les mecs qui zonaient par terre sont partis. Peut-être se sont-ils dit que Tours n’était pas une ville pour eux. »
Si Olivier Lebreton regrette que la jurisprudence l’empêche de systématiser l’arrêté pour la durée de son mandat, notons cependant que la justice se garde bien de faire entrave aux décisions de la mairie de Tours. Rappelons qu’en janvier 2014, le tribunal administratif d’Orléans a rejeté la requête de la Ligue des Droits de l’Homme au motif d’une absence d’urgence tirée d’une absence « d’aggravation de la situation des personnes qui se livrent à la mendicité à Tours ».
L’interview se termine par des propos édifiants sur les « fondamentalismes » et la « menace djihadiste » :
Faut-il avoir peur de la menace djihadiste ici, à Tours ?
« Il faut être vigilant. Maintenant le danger peut venir de partout, c’est l’inquiétude et Tours peut être visée. On sent par exemple qu’il y plus de prosélytisme dans certains quartiers alors qu’il n’y en avait pas avant (...) . On observe de plus en plus de tenues qu’on ne voyait pas auparavant, pour les hommes comme pour les femmes. »
Ne reculant devant aucun raccourci hâtif, Olivier Lebreton, nous explique sans rire que parce qu’il a vu trois femmes voilées et un type en djellaba dans « certains quartiers » (pourquoi tant de pudeur ? On aimerait pourtant savoir où les djihadistes rôdent...), on peut conclure que Tours est une cible possible pour de potentiels terroristes. Pour l’adjoint au maire, barbes + voiles = menace djihadiste. Mais il est vrai qu’en matière d’Islam, l’amalgame est en passe de devenir un devoir républicain... En même temps, on ne s’attendait pas vraiment à ce que cette municipalité nous parle de la menace catho-intégriste...