Dans un numéro spécial de son bulletin destiné au personnel de l’hôpital, le syndicat SUD du CHU de Tours tire la sonnette d’alarme. Sur la base d’informations recueillies à différents échelons, le syndicat affirme que la direction du CHU projette un plan de licenciements d’une ampleur jamais vue. Le projet de restructuration mis au point par la direction générale prévoit entre 350 et 450 suppressions de postes de titulaires, paramédicaux ou médicaux et entre 250 et 300 suppressions de lits.
Un projet architectural « pharaonique »
Jusque-là, le projet de restructuration était présenté par la direction générale comme un simple plan immobilier. Ce plan prévoit : la fermeture du site Clocheville, avec un transfert de l’activité pédiatrie à Bretonneau ; la construction d’un nouvel hôpital Trousseau, où seraient notamment regroupés les services de psychiatrie ; le transfert de l’EHPAD de l’Ermitage à Luynes.
Ces transferts s’accompagneraient d’un vaste plan de suppressions de lits, avec un développement de la prise en charge ambulatoire [1]. Sur les 1 420 lits que compte le CHU de Tours en médecine, chirurgie, obstétrique, 200 seraient supprimés. 25 lits seraient également supprimés en psychiatrie.
Dans le même temps, le CHU développerait le nombre de chambres particulières, avec une augmentation progressive des tarifs facturés aux patients ou à leurs mutuelles. D’après La Nouvelle République, le bénéfice espéré par la direction s’élèverait à plusieurs centaines de milliers d’euros par an.
Un coût social colossal
Le coût de ce plan de restructuration est estimé à 320 millions d’euros, mais s’inscrit dans un « projet de schéma directeur à dix ans » qui est chiffré à 650 millions d’euros. Cela alors que le CHU est déjà endetté jusqu’en 2040 pour payer le nouveau Bretonneau.
Pour donner des gages de bonne foi au Comité interministériel de performance et de la modernisation de l’offre de soins (COPERMO), qui examine les projets de ce type en appréciant leur capacité à « favoriser l’efficience opérationnelle et économique » des hôpitaux, la direction générale a mis au point un vaste plan de réduction de la masse salariale. D’après la section SUD du CHU de Tours, la suppression de 350 emplois paramédicaux et d’une trentaine d’emplois médicaux est prévue, dont 200 en lien avec la réduction du nombre de lits de médecine, chirurgie, obstétrique. Un projet qui s’inscrit dans la droite ligne de la politique du ministère conduit par Marisol Touraine, qui a prévu 4 milliards d’économie dans la santé et 22 000 suppressions de postes. Pourtant, comme le souligne SUD :
« La charge de travail est déjà énorme, [et] de nombreux services étaient ou sont en grève par manque d’effectif. »
Une vaste opération de dissimulation
Dans un communiqué, le syndicat dénonce également les manœuvres de la directrice générale, Marie-Noëlle Gérain-Breuzard, qui n’a jamais informé les instances représentatives du personnel, et ce malgré de nombreuses interpellations. Le communiqué dénonce à la fois la dissimulation de la direction générale, qui s’est bornée à présenter le schéma directeur comme un plan immobilier dans les instances, mais aussi la dissimulation des tutelles (Agence régionale de santé et ministère), et celle du maire de Tours, président du conseil de surveillance.
Du côté de la direction, on se contente d’expliquer, dans les pages du quotidien local, que les chiffres avancés « n’ont rien d’officiels » et que « rien n’est tranché ». D’après La Nouvelle République, le dossier est actuellement entre les mains des autorités de tutelle. Du côté de SUD, on annonce que la ministre pourrait valider le projet au plus tard début avril 2017.
« Une riposte unitaire large »
La section SUD du CHU conclut son bulletin spécial en appelant à une riposte unitaire large des personnels et des usagers, à la hauteur de l’attaque, pour défendre les emplois et le service public hospitalier.
« Dans les prochaines semaines, nous devons tout mettre en œuvre pour faire barrage à ce grand projet nocif pour tout le monde. Dès à présent, nous devons, dans l’unité la plus large, envisager des moyens de manifester notre opposition ferme et définitive. »
Une première mobilisation est prévue le 7 mars, dans le cadre d’une journée nationale de grève organisée par la CGT, Force Ouvrière et SUD. Une manifestation aura lieu à Paris, avec départs en bus depuis Tours. Un rassemblement et une manifestation sont également prévus à Tours, avec un rendez-vous fixé le même jour à 15h place Jean Jaurès.