Covid-19 : la mise en scène ignoble du député-médecin Chalumeau

Dans un de ces articles complaisants dont la presse locale a le secret, le député de Tours Philippe Chalumeau est présenté comme « engagé à fond dans la lutte contre le coronavirus », sans que soit évoquée sa responsabilité et celle de sa majorité dans la crise en cours.

« Le député de Tours plus médecin que jamais » : dans un article daté du 26 mars, le journaliste de La Nouvelle République Olivier Pouvreau nous décrit par le menu les activités du député LREM pendant la crise sanitaire. Chalumeau a « laissé le costume de député pour renfiler la blouse blanche », et multiplie les engagements : il a son cabinet médical à Chambray-lès-Tours, il est médecin régulateur au 15, il prend des gardes avec SOS Médecin, et il poursuit son activité de médecin coordonnateur dans un Ehpad de l’agglomération. En lisant cet article, on est presque prêt à tomber en admiration devant l’engagement de ce courageux élu qui se relève les manches pour soigner la population. On voudrait nous faire applaudir les responsables de la crise qu’on ne s’y prendrait pas autrement.

Car ce qui frappe, c’est tout ce que l’article ne dit pas de l’action du député et de son rôle dans la situation sanitaire en cours. Il n’y est pas question de la plainte déposée par plus de 600 médecins contre Edouard Philippe et Agnès Buzyn, accusés de ne pas avoir pris les mesures nécessaires à freiner l’arrivée de l’épidémie en France, alors même qu’ils avaient connaissance du danger [1]. Il n’y est pas question des mobilisations du personnel de santé qui durent depuis des années, et qui ont été traitées avec mépris et violence par le gouvernement auquel Chalumeau apporte son soutien continu depuis son élection. Il n’y est pas question des choix budgétaires approuvés par le député, qui a préféré consacrer des milliards d’euros à la modernisation de l’arsenal nucléaire français plutôt qu’à la santé publique.

L’engagement de Philippe Chalumeau fait penser à celui de l’ancienne ministre de la Santé. Après sa défaite aux élections municipales de Paris, Agnès Buzyn a pleurniché sur l’ampleur de la crise sanitaire, avant de se déclarer prête à reprendre du service : « L’hôpital va avoir besoin de moi. Il va y avoir des milliers de morts. » [2]. Mais c’est avant la crise que l’hôpital public avait besoin d’elle, quand les soignant-es alertaient sur le manque de personnel et le manque de moyens.

La gesticulation individuelle de ces médecins-élus, complaisamment mise en scène par des médias aux ordres, ne fera pas oublier leur responsabilité collective dans cette crise.

Notes

[1« Coronavirus : une plainte contre Edouard Philippe et Agnès Buzyn a été déposée », Le Figaro, 21/03/20.

[2« Agnès Buzyn : "J’ai quitté le ministère en sachant que les élections n’auraient pas lieu" », L’Express, 17/03/20.