Vous avez dit conférence gesticulée ?
Objet hybride entre le spectacle et la conférence, la conférence gesticulée cherche à produire du savoir politique, à donner des clés d’analyse et permettre d’aller plus loin grâce aux ateliers qui s’ensuivent.
C’est de l’autobiographie, de l’analyse politique et de la théorie, bref un beau mélange de choses vécues, de choses comprises et de choses apprises… c’est la rencontre entre des « savoirs chauds » (savoirs de vie et populaires utiles à l’action collective) et de « savoirs froids » (savoirs théoriques et politiques).
Pour que les conférences gesticulées ne deviennent pas un objet culturel où l’on vient consommer du discours politique à bon compte, chaque conférence est suivie de son atelier pour approfondir la thématique, débattre et analyser collectivement pour enfin passer à l’action.
Inculture(s) I : "L’éducation populaire, monsieur ils n’en ont pas voulu"
C’est ce qui m’est arrivé. Et c’est l’histoire que je vais vous raconter. Quand je dis : « J’ai arrêté de croire à la culture ? », entendons-nous bien, c’est idiot comme phrase ! Non, j’ai arrêté de croire, pour être très précis, en cette chose qu’on appelle chez nous « la démocratisation culturelle... C’est l’idée qu’en balançant du fumier culturel sur la tête des pauvres, ça va les faire pousser et qu’ils vont rattraper les riches ! Qu’on va les « cultiver » en somme. Voilà, c’est à ça que j’ai arrêté de croire. Je faisais ça dans les banlieues, c’est là qu’ils sont souvent, les pauvres. ..Et donc, je leur balançais des charrettes d’engrais culturel, essentiellement sous forme d’art contemporain et de « création ». Il y a beaucoup de fumier dans l’art contemporain. De la danse contemporaine, du théâtre contemporain, de la musique contemporaine... pour les faire pousser. On parle aussi de réduction des inégalités culturelles ou « d’ascension sociale » par la culture. Mais j’ai compris bêtement un jour que les riches avaient les moyens de se cultiver toujours plus vite... C’est là que j’ai arrêté de croire. Un philosophe aujourd’hui oublié, Herbert Marcuse, nous mettait en garde : nous ne pourrions bientôt plus critiquer efficacement le capitalisme, parce que nous n’aurions bientôt plus de mots pour le désigner négativement. 30 ans plus tard, le capitalisme s’appelle développement ?, la domination s’appelle partenariat ?, l’exploitation s’appelle gestion des ressources humaines et l’aliénation s’appelle projet ?. Des mots qui ne permettent plus de penser la réalité mais simplement de nous y adapter en l’approuvant à l’infini. Des « concepts opérationnels » qui nous font désirer le nouvel esprit du capitalisme même quand nous pensons naïvement le combattre... Georges Orwell ne’était pas trompé de date ; nous avons failli avoir en 1984 un « ministère de l’intelligence ». Assignés à la positivité, désormais, comme le prévoyait Guy Debord : « Tout ce qui est bon apparaît, tout ce qui apparaît est bon.
Pour voir à quoi ressemble cette conférence gesticulée : voir ici
Rendez-vous pour la conférence gesticulée JEUDI 3 NOVEMBRE 2016 Entrée prix libre
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Rendez-vous pour l’atelier "désintoxication" VENDREDI 4 NOVEMBRE 2016 Atelier gratuit et ouvert à tou-te-s
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