Campement du Sanitas : la section de Tours de la Ligue des droits de l’homme demande l’application de la loi

Communiqué de la Ligue des Droits de l’Homme d’Indre-et-Loire à propos du campement de migrants installé à Tours depuis le 19 juin.

A peine installé en Indre et Loire, M. Louis Le Franc, nouveau préfet, nous annonçait de façon péremptoire sa position à l’égard des demandeurs d’asile qui campent au Sanitas : Je ne me laisserai pas instrumentaliser par des associations qui font venir des personnes dans ce département déjà "embolisé". [1]

L’analyse rapide du représentant de l’Etat est catégorique, la Touraine est à la limite de l’infarctus à cause d’un caillot sanguin constitué de réfugiés, désespérément accrochés au fil ténu de leur existence. M. Le Franc se dit manipulé par des associations qui apportent une simple aide humanitaire, n’hésitant pas à les rendre responsables de la situation. Amalgamer ces associations aux filières de passeurs, de tels propos sont consternants.

Quelle ingratitude vis-à-vis de ces bénévoles associatifs qui lui évitent bien des tracas ! Nul ne peut douter en effet que l’intégrité physique et psychique des familles exilées serait encore plus menacée sans leur présence vigilante. Ces familles ont tout quitté pour fuir la guerre ou l’insécurité, payé une fortune à des passeurs criminels prêts à se débarrasser d’elles à la moindre occasion. Elles se retrouvent ici comme des parias, avec leurs enfants, démunies de tout, subissant la canicule dans des tentes de fortune, au mépris de la plus élémentaire humanité et en violation des obligations d’accueil fixées par les traités internationaux que l’Etat français a signés.

En écho, le maire de Tours, Serge Babary, a déclaré le même jour à la NR que "La Ville ne peut se substituer à l’Etat"*. Il est vrai, comme il l’indique, que l’accueil des demandeurs d’asile relève de la compétence de L’Etat, mais cela ne le dédouane pas pour autant de sa propre responsabilité d’édile. D’ailleurs, sur le site internet de la Ville, le Guide des démarches relatif à l’enfance en danger est clair : "Toute personne qui s’abstient d’agir alors qu’elle a connaissance d’une situation d’un enfant en danger peut être punie de 3 ans d’emprisonnement et de 45 000 € d’amende". On peut lire également : "On considère qu’un enfant est en danger ou risque de l’être si sa santé, sa sécurité ou sa moralité ou son développement physique, affectif, intellectuel ou social, sont compromis".

Il est évident que la condition des migrants pose problème. Mais la réponse administrative doit être l’application des lois, y compris celle de réquisition de locaux vacants (2000 à Tours) [2], et non la fuite.

Catherine Lison-Croze
Présidente de la LDH 37

P.-S.

Notes ajoutées par l’équipe d’animation de La Rotative.

Notes

[2En fait, d’après l’INSEE, il y aurait plutôt 6 500 logements vacants, cf http://www.insee.fr/fr/themes/dossier_complet.asp?codgeo=COM-37261.