« Ça se fait pas » : réflexions d’une instit’ sur les répressions en cours

Témoignage publié sur Paris-luttes.info d’une instit’ et parente d’un collégien qui met en lumière l’incohérence entre programmes scolaires glorifiant le discours citoyen et écolo d’une part et réaction de l’école et de l’État face à la contestation sociale d’autre part.

« L’année dernière mon fils en 6e a appris en éducation civique que l’éducation nationale enseignait aussi aux enfants du voyage et que dans sa grande bonté républicaine elle allait jusqu’à envoyer des enseignant-e-s dans les camps de Rroms. Il n’a donc pas vraiment compris ce qui se passait lorsque deux jeunes scolarisé-e-s Léonarda et Katchik ont été arrêté-e-s, puis renvoyé-e-s dans leurs pays d’origine. « Ça se fait pas » m’a-t-il dit.

Quelques élèves du collège avaient organisé un sit-in dans la cour à la fin d’une récré, les meneurs/euses de cette action ont pris quelques heures de colle bien méritées, de la graine de casseurs sans doute ("casseur" est un mot exclusivement masculin, les jeunes filles éprouvent certainement une répugnance "naturelle" à caillasser du gendarme).

Pour revenir à mon fils, cette année une partie de son cours de géographie est consacrée au développement durable, à la dégradation de l’environnement. Il y a fort à parier que Rémi Fraisse ait eu le même genre de cours que mon fils, qu’il ait pris au sérieux le discours citoyen et écolo dont on l’a certainement abreuvé depuis l’école, qu’il ait cru que défendre un territoire contre la mainmise des potentats locaux et contre les grands projets inutiles était la moindre des choses. Évidemment mon fils n’a absolument pas compris comment il était possible que les gendarmes tuent un jeune qui défendait des idées écologiques. J’ai évité de lui dire que ces dernières années les flics et les gendarmes tuaient presque 15 jeunes par an, essentiellement dans les quartiers, sans parler de celles et ceux qui perdent des yeux ou sont blessé-e-s. Ce serait difficile de le lui expliquer alors que dans ses cours d’éducation civique on lui parle d’intégration et d’égalité. »

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Illustration : Bansky