Le journaliste Didier Rykner s’interroge d’abord sur la valeur de la donation, qui semble bien moins formidable que ce que les titres de presse locale laissaient penser.
« Que contient-elle exactement, quels chefs-d’œuvre ? Nous avons interrogé la municipalité de Tours, qui ne nous a pas répondu, le ministère de la Culture qui nous a dit être actuellement en négociation avec la ville de Tours et ne pas souhaiter répondre et, enfin, nous avons contacté le donateur mais on nous a dit que celui-ci ne souhaitait pas s’exprimer. (...) Il y aurait dans la collection 1 800 œuvres dont 600 ne seraient pas de niveau muséal et déjà rejetées, tandis que sur les 1 200 restantes, le ministère de la Culture regarde actuellement ce qui pourrait entrer dans la donation qui serait faite à l’État pour dépôt à Tours.
Tout cela est donc d’un flou complet, d’autant que l’estimation donnée : 20 millions d’euros pour 1 200 œuvres, est très faible alors que l’on parle de noms tels que Toulouse-Lautrec ou Degas. Cela renforce le sentiment que l’ensemble ne doit pas avoir grand-chose d’« extraordinaire » ni d’« exceptionnel ». Puisque nous ne pouvons pas avoir d’informations plus précises, nous rapporterons ce que nous a dit une personne proche du dossier : l’œuvre la plus importante serait un dessin de Degas ! Une feuille, par parenthèse, qu’il est impossible d’exposer de manière permanente. Quelqu’un d’autre nous a précisé que cette affaire était délicate, très « politique » (sic). Une troisième s’est retranchée derrière son devoir de réserve, l’air manifestement très gênée lorsque nous posions la question de l’importance réelle de la collection… Que de mystères donc qui laissent penser qu’en réalité celle-ci n’est importante que quantitativement, et beaucoup moins qualitativement. »
Le journaliste évoque ensuite la possible construction d’une extension au musée des Beaux-Arts pour accueillir la donation, qu’il qualifie de « vandalisme ».
« Dans sa grande générosité, Léon Cligman donnera cinq millions d’euros pour construire une extension du musée qui accueillera sa collection.
Pour qui connaît le Musée des Beaux-Arts de Tours, ce projet est ahurissant. Le jardin du musée, dit jardin de l’Archevêché, entouré par les bâtiments anciens (ancien archevêché et dépendances du XVIIIe siècle, mur gallo-romain), avec en son centre un immense cèdre du Liban classé « arbre remarquable », est un lieu enchanteur et magique au cœur de la ville. On se trouve ici dans un secteur sauvegardé, aux abords de plusieurs monuments historiques. Comment peut-on être inconscient au point d’y envisager une construction moderne ? Comment le ministère de la Culture peut-il laisser penser que cela serait possible. Même si la donation Cligman était exceptionnelle, rien ne pourrait justifier un tel vandalisme. »
L’intégralité de l’article est à lire sur le site de La Tribune de l’Art.