« À travers Benoist Pierre c’est Emmanuel Macron et tous ceux qui collaborent à sa politique destructrice que nous visons »

Le candidat à la mairie de Tours Benoist Pierre a accusé des colistiers du candidat Emmanuel Denis d’avoir participé à la perturbation de son meeting du 6 février et de vouloir l’empêcher de parler. Certain-es participant-es au chahut ont souhaité lui répondre. « Qui étions-nous ce soir-là dans la fastueuse salle des mariages de l’hôtel de ville au premier meeting de campagne du candidat LREM Benoist Pierre ? »

Qui sommes-nous ? C’est simple : nous sommes des citoyens. Prof, infirmière, informaticien, assistante sociale, élagueur grimpeur, musicienne, photographe, cinéaste, peintre, écrivain. Salarié, intermittent, auto-entrepreneur, nous étions une trentaine. Disséminés parmi les auditeurs déjà acquis au programme qui allait être présenté, il y avait également des ouvriers, des retraités, des étudiants. Des chômeurs aussi. Une autre trentaine de personnes. La diversité de notre société en somme quand elle n’est pas lissée et nettoyée dans un paysage fantasmé comme nous avons pu le voir se dérouler sur les vidéos de campagne derrière le pupitre de Benoist Pierre. Nous n’avions pas prévu de nous retrouver autant, nous n’avions pas prémédité une « alliance frondeuse » et nous avons été heureux de réaliser que spontanément trois « groupes » s’étaient glissés dans la salle.

C’est pourquoi il nous paraît important de rétablir la vérité : peu nous importe de savoir qui est encarté, qui est syndiqué, nous sommes de la « société civile » prétendument si chère à notre Président. Dire que nous sommes des opposants à la politique gouvernementale est exact. Cependant, nous ne pouvons tolérer les fausses et hâtives identifications qui ont été relayées après notre action jeudi soir dans la presse, la radio et sur les réseaux sociaux. Nous serions donc des activistes politiques, des révolutionnaires radicaux, des agitateurs agissant avec les assentiments d’Emmanuel Denis ou Claude Bourdin. Il n’en est rien. Il n’y avait ni colistiers ni militants.

Concernés par notre ville, c’est en qualité de citoyens lucides et inquiets que nous avons agi. En notre âme et conscience, excédés mais non radicalisés, face aux mensonges, nous avons choisi la légèreté et la dérision. À travers le candidat Benoist Pierre c’est bien entendu Emmanuel Macron que nous visons et tous ceux qui collaborent à sa politique destructrice ou l’approuvent.

Déni de démocratie

Comprendre qu’au XXIème siècle, les gens qui travaillent ou le souhaiteraient, ceux qui nous soignent, ceux qui enseignent à nos enfants, nous nourrissent par leur création, nous défendent par la justice, sont écartés de tout débat possible, mis sous pression, est inadmissible. Que des micros soient coupés à une commission spéciale autour du projet sur la réforme des retraites est intolérable. Que le gouvernement adopte une règle divisant par deux le temps de parole de l’opposition est inquiétant. Et on nous rétorque que nous avons commis le pire des crimes : le déni de démocratie ? Ce n’est pas sérieux. Laissez-nous rire. Et c’est ce que nous avons voulu faire jeudi soir, rire, chanter. Déplacer le confort de l’entre soi. Ce chant que nous avons repris ne sert pas « à rien » [1]. Il rappelle à qui voudrait l’oublier que nous sommes là.

Nous ne sommes pas populistes et nous ne cherchons pas à être populaires. Nous portons les voix du cœur et de la raison que l’on fait taire, nous ne sommes d’aucune supériorité, nous cherchons des solutions à ce monde qui tourne mal. Nous ne voulons plus de ces mensonges et de ces violences qui deviennent si ordinaires. Nous sommes nous aussi très attachés à la République et à la démocratie. Nous sommes par ailleurs ouverts au dialogue, pas à la compétition ni à la répression.

On nous a reproché d’avoir empêché le bon déroulement de la soirée : la présentation du programme et le débat. En effet. C’était notre volonté. Apparaître puis repartir. Mais surtout ne pas disparaître. Ne pas laisser l’indifférence nous gagner dans ce jeu de cartes mal distribuées. Benoist Pierre intime à Emmanuel Denis de « tenir ses troupes pour préserver le débat démocratique » . Au-delà du grossier amalgame erroné maintenant rétabli, c’est un sage conseil que nous rappelons volontiers à Emmanuel Macron, à son ministre de l’Intérieur et sa Garde des sceaux.

Pour finir, s’il y a bien un point sur lequel nous sommes d’accord avec Benoist Pierre, c’est l’inquiétude démocratique. Toutefois les raisons et expressions de cette inquiétude nous séparent irrémédiablement. En attendant, et le temps qu’il le faudra, nos voix dissonantes vous saluent.

Signé : De simples citoyens

Notes

[1Dans son interview à France Bleu Touraine au lendemain du meeting, Benoist Pierre a parlé d’un chant « qui n’apporte rien » à propos du « On est là, même si Macron ne veut pas ».