Municipales : joyeux chahut au meeting du candidat LREM

Jeudi 6 février, mairie de Tours. Le meeting du candidat LREM Benoist Pierre a été joyeusement chahuté par environ 60 personnes. Récit de la soirée.

18h30 : Quelques 300 personnes prennent place sous les lourdes dorures républicaines de la grande salle de la mairie de Tours. Parmi elles, une soixantaine de citoyens… pas macronistes du tout. Environ un quart de la salle est composé d’opposants à la macronie. Sont présents au moins trois groupes distincts qui ne se sont pas concertés, mais qui partagent le même objectif : se manifester pendant le meeting. On compte une trentaine de citoyens indépendants. Une vingtaine de gilets jaunes. Des avocats. Et quelques électrons libres…

Quelques jours avant ce meeting, une trentaine de personnes outrées par la macronie se réunit dans un bar de Tours, et convient d’exprimer sa révolte en se moquant du candidat LREM. Avec une stratégie « d’enthousiasme excessif » inspirée de l’esprit des « manifs de droite ». Il s’agit de se comporter grotesquement, comme si l’on était encore « plus de droite » que les gens de droite.

Cette trentaine de citoyens chahuteurs n’est encartée nulle-part : il s’agit d’une simple bande de copines et de copains écœurés par la violence antisociale des macronistes. Des citoyens et citoyennes lambda qui veulent faire plus que les manifs contre la retraite à points. Ils sont travailleurs sociaux, profs, étudiants, écrivains, photographes, plasticiens, musiciens, chômeurs et autres…

De leur côté, des gilets jaunes comptent bien, eux aussi, profiter de l’événement pour se faire entendre. Une vingtaine d’entre eux réussit à miraculeusement s’introduire dans la salle, quand certains autres s’en font interdire l’accès. Parmi les refusés, des gilets jaunes anarchistes notoires, et autres membres du syndicat Sud-Solidaires, un peu trop connus. Il se dit également que des avocats en colère ont bien l’intention d’être là, eux aussi.

19h00 : Un maladroit chauffeur de salle sans aucune expérience tente de mettre l’ambiance en tendant le micro « au hasard » à des gens présents dans la salle : la plupart de ceux qui répondent s’avèrent être des colistiers de Benoist Pierre. Puis le lourdaud animateur amateur se plante devant le député Chalumeau. Même cirque : « Bonjour Monsieur, je peux vous demander où vous habitez ? Vous connaissez Benoist Pierre ? » … Et Chalumeau de répondre… Ha ha ha… Hi hi hi… Quelque rires forcés fusent… Ces macronistes sont grotesques, mais eux ne le font pas exprès. Puis, hic : le sous-animateur tend le micro à des spectateurs glaciaux qui déclarent soit habiter au Sanitas, soit « qu’on verra bien pourquoi ils sont là »… Un ange glacial passe rapidement…

19h15 : Telle une rock-star, Benoist Pierre fait une entrée triomphale sous un tonnerre d’applaudissements… un peu trop assourdissants. Et pour cause. Il remarque d’ailleurs d’entrée de jeu « qu’il y a de l’ambiance ce soir », tu m’étonnes. Quand le candidat salue le député Chalumeau, les applaudissement redoublent, et déjà explosent des « Bravos ! »… tout à fait excessifs et décalés…

Benoist Pierre entame alors un discours faussement modeste… très vite ponctué d’ovations aussi intempestives qu’incongrues. Quand l’orateur prononce le mot « projet », un spectateur hurle « Parce que c’est notre projeeeet ! », sous le regard bienveillant du candidat qui commence à comprendre à quoi il est confronté… Mais benoitement, Benoist poursuit son speech. Et déclare son amour de la Touraine. Fuse alors un « Vive l’amour ! », lourdement applaudi.

Quand le candidat évoque le chômage, un autre spectateur s’exclame que « Quand même, les chômeurs ne font pas beaucoup d’efforts pour trouver du travail ! » … Des vagues d’applaudissement très appuyés s’enchaînent, et très vite une lourde ambiance surréaliste s’installe dans la salle… Il devient évident qu’il y a gros foutage de gueule… Des excès d’enthousiasme délirant fusent des quatre coins de l’assemblée, et l’ambiance décalée se tend encore un peu plus… Une dizaine de retraités macronistes, scandalisés, et probablement effrayés, quittent la salle…

Quand Benoist Pierre évoque l’économie et les pépinières d’entreprise, un homme en plein orgasme hurle alors qu’il faut rétablir l’esclavage en Touraine ! Et se met à scander : « Contre le chômage, rétablir l’esclavage ! » et « Cac 40 ! Cac 40, Oui ! Oui ! »… À peine le trublion est-il chassé sans heurts par un retraité macroniste outré, qu’environ vingt Gilets Jaunes laissent alors tomber le masque, et se mettent à chanter : « On est là, même si Macron ne veut pas, nous on est là. Pour l’honneur des travailleurs et pour un monde meilleur, même si Macron ne veut pas nous on est là »

Repris en cœur par la soixantaine d’opposants, le chant des gilets jaunes résonne puissamment sous les voûtes de la grande salle de la mairie… Le joyeux chahut va encore durer une vingtaine de minutes. Les macronistes complètement débordés tentent vainement de se rassembler sur l’estrade pour, le dos au mur, entonner une pathétique ébauche de Marseillaise. Las : comme des joueurs de foot, à part le refrain, les LREM ne connaissent pas les paroles de leur hymne national qui s’étrangle dans leurs gorges. Si le ridicule ne tue pas… il ridiculise, assurément !

Quelques policiers finissent par arriver sur les lieux. Sans intervenir. Des municipaux rigolent même sous cape. Quelques trublions rejetés dans le couloir entonnent alors : « On aime la police, pas les artistes ! ».

Les quelques dizaines de chahuteurs finissent par tranquillement quitter la salle, tout en continuant à scander la chanson des gilets jaunes, et se retrouvent dehors après être passés devant une haie d’honneur de flics relativement impassibles. Une fois dehors devant la mairie, les chahuteurs hilares continuent à s’époumoner sur le chant des gilets jaunes… Une prof entonne l’Internationale : l’enseignante connait tous les couplets de sa chanson, elle…

Comment ce meeting LREM a t-il ainsi pu se faire autant bordéliser ? Parce que, comme en toute chose, les macronistes sont incultes. Leur manque du sens de l’État a déjà été observé par la presse, pourtant complaisante à leur égard. Mais ces gens n’ont aucune culture politique. Ce sont des novices. Des ignares. Des crétins qui ne doutent de rien. Qui croient que seule la violence suffit pour faire de la politique. Ces macronistes commencent peut-être à comprendre qu’un drôle de vent se lève contre eux… et leur monarque : Paltoquet Premier.

Jibédé.

P.-S.

Notons que même si la NR a rapidement relaté l’événement, le quotidien se trompe en le rapportant. Ce qui est quand même sa marque de fabrique. Les chahuteurs étaient au moins soixante et non pas trente. Et il ne s’agit pas, comme l’écrit la NR, d’une action menée par des intermittents ou des étudiants. Mais par de simples citoyennes et citoyens outrés, qui ne comptent pas en rester là.
Leur prochain rendez-vous sera t-il une « manif de droite » ? Peut-être l’occasion d’enfin rallier des intermittents du spectacle, qui ont jusque là brillé par leur discrétion dans les mouvements sociaux.