À la maison d’arrêt de Tours, un taux d’occupation proche de 200%

284 personnes enfermées dans une maison d’arrêt qui compte seulement 145 places. Le taux d’occupation de la prison de Tours frôle les 200 %, d’après la radio France Bleu Touraine, qui évoque des détenus entassés à trois dans des cellules de 9 mètres carrés [1]. Pour France Bleu, l’aggravation de la situation (le taux d’occupation était déjà de 150 % au mois de mars) serait en partie imputable au nouveau procureur de Tours, Grégoire Dulin :

« Celui qui est désormais le patron du parquet tourangeau l’a dit dès sa prise de fonctions (...), la réponse pénale doit être plus rapide, plus ferme. Conséquence, les présentations au parquet se sont multipliées ces derniers mois, tout comme les comparutions immédiates, d’où cette hausse du nombre d’incarcérations, et donc mécaniquement du taux d’occupation de la maison d’arrêt. »

Les comparutions immédiates, où les prévenus sont jugés en trente minutes en moyenne, alors qu’ils risquent jusqu’à 10 ans d’incarcération, se traduisent dans 70 % des cas par des peines de prison exécutées dans des conditions dégueulasses [2]. Mais la politique pénale mise en œuvre par Dulin n’est pas seule responsable de cette situation. Les juges qui continuent à prononcer des peines d’emprisonnement avec mandat de dépôt, et les juges de l’application des peines (JAP) qui n’octroient pas d’aménagement, sont également responsables de la situation scandaleuse qui perdure à la maison d’arrêt.

La France est régulièrement condamnée pour l’état de ses prisons et les conditions indignes générées par la surpopulation carcérale [3]. En 2012, le tribunal administratif d’Orléans avait condamné l’État après avoir notamment constaté que les cellules de la maison d’arrêt de Tours « ne présentaient pas un aménagement suffisant pour protéger une intimité minimale des détenus amenés à vivre en cohabitation » et que le détenu requérant était « fondé à soutenir que ses conditions de détention ont caractérisé un manquement aux règles d’hygiène et de salubrité et n’assuraient pas le respect de sa dignité ». Mais apparemment, la dignité des taulards, le proc’ et les juges s’en foutent.

Notes

[1Ce n’est pas la première fois que la maison d’arrêt de Tours atteint un tel niveau de surpopulation. En février 2009, le contrôleur général des lieux de privation de liberté relevait un taux d’occupation de 210 %. Voir le rapport de visite.

[2Chiffres tirés du site de l’OIP.

[3Voir la cartographie établie par l’OIP des
37 prisons condamnées pour conditions de détention indignes.