L’université de Tours va mettre en place à la rentrée 2019 un projet d’expérimentation puis de généralisation de la formation à distance sur toutes les licences générales, bénéficiant pour cela d’un financement sur dix ans dans le cadre du PIA3 [1].
De nombreux enseignants et enseignants-chercheurs de l’université s’inquiètent de ce projet dont plusieurs aspects restent très problématiques, parmi lesquels :
- la primauté accordée à l’outil sur le contenu disciplinaire, au risque de faire de l’enseignant un simple « exécutant » d’un cours dont la conception lui échappera de plus en plus ;
- aucun engagement écrit de la part de l’équipe présidentielle qu’à terme les cours en ligne et/ou à distance ne seront pas rendus obligatoires et systématiques pour tous les cours, en substitut des cours en présentiel (le document du projet indique même que cela règlerait les problèmes logistiques) ;
- le budget est essentiellement consacré aux activités périphériques de l’enseignement (investissement dans les dispositifs numériques et recrutement en CDD d’ingénieurs pédagogiques), ce qui ne répond aucunement au problème de la précarité à l’université, tant du côté du personnel enseignant qu’administratif ;
- aucune étude d’impact environnemental n’a été menée ;
- l’absence d’une concertation en amont alors que ce projet touche au cœur même de notre métier ;
- la mise en place d’un algorithme pour élaborer des « modèles prédictifs » (!!) qui seront ensuite utilisés pour repérer les étudiants potentiellement « à risques » (!!!!).
Ce projet, baptisé PARM à Tours, n’est pas le seul : d’autres universités en France ont bénéficié d’un financement dans le cadre du PIA3 pour mettre en œuvre des dispositifs similaires. Leur multiplication montre bien qu’il s’agit là d’une tendance de fond avec à terme un risque de marginalisation des enseignants et enseignants-chercheurs dans la conception même des cours et une disparition programmée des cours en présentiel.