Parce qu’il craignait une « guérilla » dans les rues de Nantes [1], le premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, avait décidé d’annuler l’université d’été prévue fin août. Chaque région récupère donc son petit meeting, marqué du logo de « la belle alliance populaire » [2]. Pour la région Centre-Val-de-Loire, ça se passera à Tours, au centre des congrès Vinci. L’inscription est gratuite, mais comptez quinze balles pour le repas (ça c’est le côté « populaire » de la démarche). Et le programme fait rêver.
La première partie de la journée s’organisera autour de différents ateliers :
- Deux ateliers « Bilan », l’un intitulé « Une école refondée » — les syndicats d’enseignant-es opposés à la réforme du collège apprécieront —, l’autre intitulé « L’égalité hommes-femmes : ça avance » (on espère qu’il sera animé par Jean-Michel Baylet, ministre de l’Aménagement du territoire, qui a fait l’objet d’une plainte pour violences déposée par son ancienne collaboratrice [3]).
- Un atelier « Projet » baptisé « La sociale écologie » : les anciens élus d’Europe- Écologie-Les Verts, Cosse, Placé, etc., pourront ainsi disserter sur le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, la non-fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, le projet d’enfouissement de déchets radioactifs à Bure, ou l’assignation à résidence de militants écologistes à l’occasion de la COP21.
- Deux ateliers « Formation » consacrés aux « réseaux sociaux » et aux « primaires » : sûrement l’occasion pour Jean-Patrick Gille de briller en expliquant l’importance de commenter sur Twitter toutes les rencontres sportives auxquelles il assiste.
Après le déjeuner populaire à 15 euros,
« les travaux reprennent l’après-midi autour d’une controverse sur le thème "Quelles crises de la démocratie ?" ».
Oui, tiens, lesquelles ? On espère une dissertation de la ministre Myriam El Khomri à propos du bon emploi de l’article 49-3 de la constitution pour exploser le code du Travail.
Le tout se terminera par un meeting « avec différents intervenants (Premier secrétaire du PS, personnalités politiques...) ». Prévoir au moins la présence de Marisol Touraine, qui espère se recaser dans la région après 2017.
Lors de « l’université de l’engagement » (sic) organisée à Brest, des dizaines de gendarmes mobiles avaient été mobilisés pour protéger les militants « socialistes » des opposant-es à la loi Travail ou à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes [4].
Ce déploiement de pandores n’est pas sans rappeler celui qui avait eu lieu à Tours en mars 2015, alors que quelques dizaines d’opposant-es à la politique du gouvernement s’étaient rassemblées sous les fenêtres de l’hôtel de ville, où Valls et Touraine tenaient meeting dans le cadre des élections régionales. Il ne nous reste plus qu’à nous organiser pour qu’un contre-rassemblement accueille comme il se doit les dignitaires « socialistes » qui viendront nous rendre visite le 22 octobre.