Contre le mépris et l’autoritarisme, une pétition réclame la démission de Jean-Michel Blanquer

Alors que l’Éducation nationale vit depuis un mois maintenant au rythme échevelé des scandales touchant la personne du ministre, des enseignants tentent de faire entendre leur voix au milieu du vacarme ambiant pour que l’éducation ne soit pas oubliée au milieu des affaires politiques.

Qui aujourd’hui est capable de dire si monsieur Blanquer survivra au scandale révélé cette semaine par Médiapart et Libération alors même que sa gestion du ministère n’a jamais autant posé question ? Peut-il survivre à ce raz-de-marée qu’il a provoqué lui-même avec ses méthodes de travail controversées ? Probablement pas, mais pour autant rien n’encourage particulièrement à l’optimisme sur la suite parce que le précédent Castaner (remplacé par Darmanin au ministère de l’Intérieur) nous a montré que le gouvernement a de la ressource quand il s’agit d’attaquer nos libertés et de détruire les services publiques.

Pourtant il y a quand même, par l’éviction du ministre, un moyen pour les enseignants de retrouver un peu de cette fierté dont ils sont privés depuis le début de son mandat. Ce n’est pas rien, surtout dans le cadre d’un « Grenelle de l’éducation » démarrant de la plus mauvaise et humiliante des manières. Le départ de Jean-Michel Blanquer reviendrait à mettre en pause le dispositif et à obtenir un répit salutaire.

Dans ce contexte existe une pétition circulant depuis début novembre sur le site change.org demandant le départ du ministre Jean-Michel Blanquer sous le nom de « Blanquer Démission ! » Cette pétition est une émanation d’enseignant.e.s de l’ICEM [1]. L’assassinat de Samuel Paty l’a provoquée et l’actualité depuis ne cesse d’en réaffirmer la pertinence et l’acuité. En effet, l’actualité est un continuum d’informations convergentes démontrant toutes le mépris, la légèreté et l’autoritarisme du ministre.

Mépris quand il s’agit de traiter les personnels, la « revalorisation historique » du « Grenelle de l’éducation », qui « oublie » superbement 70 % des enseignant.e.s, en étant la plus belle démonstration.

Légèreté quand il s’agit de prévoir les suites pour une deuxième vague de contamination à la covid 19, en terme de sécurité pour les personnels, les élèves, création de postes pour alléger les effectifs, réquisitions de locaux, dépistages ou lorsque les chiffres du ministère de la santé et du ministère de l’éducation sont aussi divergents sur le nombre de contaminations au sein des établissements scolaires.

Autoritarisme quand il s’agit d’écraser toute forme de contestation de sa politique ainsi que le montre l’affaire du syndicat lycéen « avenir lycéen », créé de toutes pièces (et financé par l’État à hauteur de 95 000 euros alors que dans le même temps, les véritables syndicats lycéens voyaient leurs subventions réduites, tout comme l’ICEM, qui perdait 60 000 euros) afin de contrer les organisations syndicales lycéennes opposées à la réforme du bac en 2018 ou les sanctions prises contre des syndicalistes enseignant.e.s.

On trouvera peut-être superflue ou dérisoire une pétition signée par 7 000 personnes mais ces 7 000 personnes sont des enseignant.e.s en lutte contre le fonctionnement du ministère de l’éducation nationale depuis l’arrivée de Monsieur Blanquer à sa tête.

En effet, ces enseignant.e.s sont les premières victimes de son autoritarisme et dénoncent ses méthodes politiques violentes tendant à imposer un modèle d’enseignement archaïque qui ferait de leurs personnes de simples exécutant.e.s des injonctions ministérielles et des élèves des réceptacles à connaissances diffusées du haut vers le bas.

Faire connaître et défendre cette pétition, ce serait porter la voix des enseignant.e.s les plus engagé.e.s pour l’émancipation des élèves, le respect de leurs droits, mais aussi pour faire vivre la démocratie à l’école, soit les personnes les plus opposées qui soient à la démarche de Monsieur Blanquer.

À l’heure où le débat politique se porte sur la personne du ministre, il serait juste et important, afin de tenter de reconstruire une institution à l’agonie économiquement et idéologiquement, de porter la voix de celles et ceux qui depuis son arrivée dénoncent les dérives de l’Éducation nationale.

Pour signer et partager la pétition Blanquer Démission !

N. B.

Notes

[1Pédagogie Freinet, Institut Coopératif de l’École Moderne, association rattachée au mouvement d’éducation populaire et reconnue d’intérêt général et, en tant que telle, subventionnée par le ministère de l’Éducation nationale.