Un supplément féministe au journal de SUD Santé 37 : « La lutte féministe est au cœur du combat syndical »

En Indre-et-Loire, le syndicat SUD Santé Sociaux 37 diffuse, en plus de son journal syndical, un supplément féministe qui propose un questionnement, une réflexion autour des idées féministes. Nous sommes allés à la rencontre de membres de la commission féministe du syndicat afin qu’elles nous exposent leur démarche.

Les organisations syndicales se revendiquant de la transformation sociale sont par principe féministe et se veulent l’une des plus importantes références dans ce domaine au sein du monde du travail. Dans l’action, ce principe est plus difficile à percevoir. Le supplément est titré différemment à chaque numéro, afin de mettre en avant une figure marquante du féminisme, et plus largement du mouvement ouvrier. Le numéro d’octobre 2015 était ainsi titré L’écho des Athena, en référence à la dessinatrice iranienne Atena Farghadani. Dans chaque numéro sont publiés des articles de réflexions générales sur la thématique, des articles en lien avec le monde du travail, des comptes rendus de pratiques, des propositions culturelles et un agenda de rendez-vous.

Pourquoi un journal féministe ? Avez-vous ressenti une nécessité de le faire ?

Cela a été la première tâche lors de la mise en place de notre commission féministe. Devant le constat qu’on n’a pas encore l’égalité entre les hommes et les femmes. Pour nous c’était donc une nécessité de traiter directement les questions d’inégalité hommes/femmes. On constate régulièrement qu’il y a dans l’esprit de certain-es collègues l’idée que l’égalité hommes/femmes est un état de fait, que c’est une combat du passé, qu’il n’y aurait plus de problème.

Et pourtant, malgré les avancées législatives obtenues par les luttes des femmes, quel que soit le côté par lequel on prend la question (répartition des tâches ménagères et d’éducation, inégalités salariales et de pension de retraite, violences domestiques, au travail et dans la rue, précarité et chômage…), les inégalités demeurent criantes, pour peu qu’on prenne la peine d’y regarder de près. Dans notre premier numéro en 2010, les deux articles illustraient ces inégalités. L’un racontait une journée type d’une jeune hospitalière en couple avec 3 enfants qui venait illustrer la double journée des femmes, avec un moment pour elle entre 22h et 23h. L’autre montrait les inégalités de pension de retraite entre les hommes et les femmes, dans le contexte de la réforme des retraites de 2010.

A première vue, ce n’est pas vraiment un supplément d’un journal de section syndicale. Pourquoi le qualifier de supplément ?

Si on a décidé d’en faire un supplément à L’Écho des fourmis (notre journal syndical général qui se décline en deux versions : une spécifique pour le CHU et une autre pour le département), c’était pour appuyer notre journal féministe sur ce journal généraliste.

Ce dernier est reconnu par l’ensemble des agents, à la fois sur le CHU et dans l’ensemble des établissements publics et privés, sanitaires, sociaux et médicosociaux du département. On souhaitait le rattacher à notre journal principal afin d’en faire un sujet central de notre activité syndicale, et pas un sujet périphérique ou annexe.

En même temps la question du droit des femmes est une question spécifique, qui mérite d’être prise en charge spécifiquement. Dans cette même logique, la diffusion d’un supplément féministe n’empêche absolument pas l’intégration d’articles féministes dans notre journal principal (qui a une parution plus fréquente). Nous veillons même à ce que cela soit systématique afin de montrer que la lutte féministe est bien au cœur du combat syndical, et non pas une bataille secondaire.

Comment se passe la rédaction ?

La commission « droits des femmes » qui se réunit mensuellement joue le rôle de comité de rédaction. On définit des sujets et des thèmes qui nous semblent intéressants pour les salarié-es qui sont amenés par l’actualité militante ou générale, ou que nous choisissons de traiter pour des raisons militantes. C’est une rédaction collective. On planifie les parutions en même temps que l’Echo des Fourmis départemental qui sort 3 fois par an, afin d’être distribué sur l’ensemble du département. Avant sa parution, il est corrigé et validé par notre conseil départemental.

Et en se qui concerne la féminisation des textes ?

Tous nos Echo sont féminisés, relus et corrigés dans ce but, et cela dès le premier Echo. Nous le faisons d’ailleurs pour toutes nos parutions (tracts, brochures, courriers, journaux, etc.), et nous avons également mené ce combat (victorieux) en congrès national pour que tous les documents produits par notre fédération soient féminisés.

Est-ce la seule action féministe du syndicat ?

Non, nous organisons des formations spécifiques sur les inégalités hommes/femmes et stéréotypes ouvertes aux adhérent-es et militant-es, sur les violences faites aux femmes, sur les inégalités salariales. Nous participons aux intersyndicales femmes nationales FSU, CGT, Solidaires chaque année. Nous en avons impulsé une déclinaison locale l’an dernier. Cette initiative s’est tenue les 5 et 6 février 2015 à la maison des syndicats de Saint-Avertin. Le thème était l’égalité professionnelle.

Nous participons aux mobilisations unitaires sur l’agglomération, avec dernièrement une activité plus importante sur la marche mondiale des femmes à tours, le 8 mars ou la commémoration du Rana Plaza. Nous avons organisé le dernier forum Solidaires sur les questions des droits des femmes. On a fait une fois un apéro féministe à l’occasion d’un 8 mars. Nous participons activement à la commission féministe de notre fédération et à Solidaires et portons les questions des droits des femmes dans nos syndicats.

Vous pouvez nous parler un peu plus de cette commission féministe ?

Le but de la commission est de porter et proposer à notre syndicat des actions et des orientations afin d’arriver à notre but final, qui est la suppression totale et définitive de toutes les inégalités hommes/femmes et toutes les oppressions liées au caractère patriarcal de notre société. Cette commission a été mise en place par une décision de congrès.

Plus largement, que pouvez-vous nous dire sur la situation des femmes au travail (et dans le travail du soin en particulier) ?

Toutes les caractéristiques des inégalités hommes/femmes du monde du travail se retrouvent dans notre secteur : différences de salaires liées aux interruptions de carrières ; métiers féminisés (à 75%) et donc sous-rémunérés car s’appuyant soi-disant sur des compétences naturelles des femmes ; sur-représentativité des femmes dans les temps partiels, les contrats précaires ; sous-représentativité dans les postes à responsabilités.

Vous pouvez retrouver les derniers numéros du supplément féministe, l’Écho des Atena ainsi que les autres journaux sur le site de SUD Santé Sociaux 37.