Témoignage de Bolivie : invisibiliser c’est aussi de la violence

Depuis les élections du 20 octobre la Bolivie a vécu entre grèves et mobilisations. Les témoignages videos réunis par le média Chaski Clandestina montrent que depuis le coup d’État militaire, au moins cinq personnes ont été tuées, et que d’autres ont été blessées par les balles de la police et des paramilitaires.

Nous avons assisté à la radicalisation vertigineuse de postures de la gauche et de la droite pendant cette vingtaine de jours de grèves et de mobilisations en Bolivie, des postures exacerbées par des discours de haine et l’incitation à la violence de la part des dirigeants du MAS, comme de la part de l’opposition. Chacun de ces groupes, avec ses réseaux proches des soi-disant hommes politiques et sympathisants étrangers, ont un agenda défini en amont pour arriver au pouvoir ou pour s’y accrocher. Dans ce jeu, nous citoyens sommes des pions qui bougent dans une direction ou dans une autre, jusqu’au moments où les morts que nous comptabilisons sont les nôtres. Le manque de contrôle social et les abus de ces jours passés ne sont pas dus au fait que la chaise présidentielle est restée vide, mais à l’accomplissement de ces agendas implicites, chacun cherchant à triompher dans une guerre entre deux camps qui ne nous représentent pas. Et nous sommes déjà fatiguées.

Apparemment, l’auto-proclamation de Mme Jeanine Añez en tant que présidente de la Bolivie a fermé une période d’angoisse, de vide politique, de confusion, d’affrontements et de luttes dans la rue ; mais en réalité c’est une paix de vitrine pour la communauté internationale et pour les instruments de communication de masse. La réalité dans les rues en ce moment est bien autre : c’est une répression, des tortures, des humiliations, des assassinats et de la désinformation. Beaucoup de ces actions violentes sont en train d’être commises par la police et par les forces armées, mais il existe aussi d’autres groupes, apparemment civiles, qui sont armés. Nous ne sommes pas en position de donner une information plus précise sur ceux-ci, mais ce qui est sûr c’est qu’ils sont bien là. Au moment d’écrire ces lignes, les moyens de communication commerciaux ne racontent pas cette histoire, peut-être parce que les politiques ne semblent pas perturber, ils sont pressés de déplorer le décès du colonel Herbet Antelo, mais pas un mot des autres morts. Invisibiliser c’est aussi de la violence.

C’est pour cela, avec beaucoup de douleur et d’indignation, et sans prétendre être exhaustives que nous avons voulu réaliser un nouveau décompte multimédia des faits qui sont en train d’être documentés par des citoyens de la ville de La Paz. Presque tout le matériel que nous présentons ici a été compilé depuis les réseaux sociaux, d’autres nous ont été envoyés directement par des témoins de ces faits.

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