Témoignage d’Aly D., enfermé au CRA de Rennes et menacé d’expulsion

Enfermé depuis le 27 novembre au Centre de rétention administrative de Rennes, Aly D. témoigne de la violence des conditions de détention. Alors que la Ligue des droits de l’homme réclame une entrevue urgente à la préfète, celle-ci n’a toujours pas daigné répondre.

Moi quand je suis arrivé au centre de rétention, j’étais menotté, puis après ils m’ont fouillé. On dirait que je suis un assassin. On dit que ça n’a rien à voir avec la prison, mais c’est pareil ici. Même ceux qui sont allés en prison ils disent que c’était mieux là-bas. Ici ce que je peux dire c’est que c’est en dessous de l’esclavage.

Moi ce qui m’a choqué c’est qu’ici on n’a pas fait de délit, on veut vivre comme d’autres personnes. Mieux vivre comme tout le monde. Ici même pour rencontrer le juge on te menotte. En revenant on te menotte encore. Et attention on t’attache fort avec une ceinture pour ne pas pouvoir bouger. Alors qu’on n’a pas fait de délit, juste de vouloir mieux vivre.

Ici t’as pas accès à ton téléphone ni rien. Ici il n’y a pas d’activité. On mange, on dort. C’est pas bon pour le corps. C’est pas bon pour la tête aussi car on ne pense qu’à nos problèmes. On réfléchit à notre vie. On fait rien de la journée, on s’ennuie tout le temps.

Ici il y a plein de gens différents. Des demandeurs d’asile, des personnes qui ont des OQTF, d’autres qui sortent de prisons. On n’est pas dans les mêmes cas.

Il y a même des personnes qui demandent à rentrer dans leur pays mais on ne les laisse pas partir.

La nuit ici les gens sont énervés. On ne peut pas avoir d’argent donc des gens pètent un câble parce qu’ils ne peuvent pas fumer.

Le premier vol tu peux le refuser gentiment, le deuxième vol aussi des fois, mais le troisième vol ça se passe mal. Les policiers te scotchent et même ils te casquent puis te portent comme un bébé jusque dans la voiture.

Moi, ma femme est enceinte, elle fait la route de Tours pour venir me voir. Elle a besoin de moi, elle a besoin de ma présence. Nous on cherche juste à mieux vivre, à vivre ensemble, tous les trois avec le bébé.

Mais là c’est dur.

Aly, enfermé depuis le 27 novembre