Retour sur la mobilisation de la Confédération Paysanne contre la spéculation foncière

Dans un contexte d’explosion du prix de vente de terres agricoles, la Confédération Paysanne de Touraine dénonce la financiarisation de l’agriculture au détriment des intérêts de la profession agricole et de l’intérêt général.

Ce jeudi 7 juillet, le comité technique d’Indre-et-Loire de la SAFER avait à se prononcer sur des transactions de terres agricoles. Face à une flambée soudaine des prix agricoles sur certains dossiers (plus du double du prix moyen des dernières données de la SAFER), la Confédération Paysanne de Touraine a dénoncé cette spéculation et appelé la profession et les citoyens à réagir pour défendre l’avenir des territoires ruraux, la sécurité alimentaire et la gestion des ressources naturelles. Malgré cette mobilisation, le Comité technique de la SAFER a voté à l’unanimité moins une voix (celle de la Confédération paysanne) contre l’ajournement des projets de vente de plus de 200 ha de terres à 9 000 €/ha.

Une trentaine de paysans et de sympathisants de la Confédération paysanne se sont invités à la réunion de la SAFER d’Indre-et-Loire pour affirmer leur désaccord avec les prix de vente de certaines terres dans le secteur du Lochois.

A l’issue de la réunion, une délégation a été reçue. Le directeur régional de la SAFER a reconnu clairement que celle-ci n’avait pas les moyens de réguler les prix du marché foncier. La sécurité alimentaire, la gestion des ressources naturelles, l’installation des jeunes, l’économie locale sont des critères importants pour la SAFER mais qui restent secondaires. Dans tous les cas, c’est la loi du marché qui prévaut. Il faudrait une évolution de la législation pour que les prix soient régulés par une instance d’État. Ce sera quelque chose de très difficile à obtenir.

C’est la raison pour laquelle la Confédération paysanne espérait un positionnement des autres organisations syndicales, des représentants de l’État et des collectivités pour dénoncer cette financiarisation de l’agriculture au détriment des intérêts de la profession agricole et de l’intérêt général. Il n’en n’a rien été.

La Confédération paysanne est aujourd’hui la seule voix à dénoncer ces montages financiers au sein de la SAFER, la seule organisation à s’alarmer de cette flambée des prix des terres agricoles. Elle tient également à dénoncer le marché des aides publiques (les primes européennes en particulier) qui se négocient librement entre agriculteurs. Il s’agit d’argent public. Les citoyens et contribuables sont les premiers concernés et doivent donc être informés des pratiques à l’œuvre dans les campagnes.

Ces transactions financières doivent donc sortir du secret des commissions restreintes où siègent uniquement quelques représentants de la profession agricole et des organismes para-agricoles. C’est un sujet trop important qui ne peut rester dans la confidentialité. Il faut dévoiler au grand public les manœuvres financières et interroger sur l’avenir de nos territoires et de notre alimentation.

C’est pourquoi la Confédération paysanne est déterminée à continuer sa veille, son rôle de lanceur d’alerte et à rendre public tout nouveau dossier aussi scandaleux que celui dénoncé jeudi dernier et les arbitrages conclus dans ce Comité.

Enfin, elle continuera à se battre pour que les financements publics (primes et autres aides) soient dégressifs et plafonnés pour éviter des rentes de situation permettant à de grosses exploitations de participer à de telles spéculations.

La Confédération paysanne de Touraine