Délirant. C’est le mot qui vient à l’esprit en lisant la décision de la Commission nationale d’aménagement commercial (CNAC) concernant l’extension d’un magasin sur la zone d’activité commerciale de Chambray-lès-Tours. Pour autoriser la construction de cette extension de 986 m², contre l’avis initial de la Commission départementale, la CNAC se félicite que le projet prévoit « la mise en place de dalles engazonnées sur le parking » et que « six arbres seront plantés ». Ces aménagements dérisoires, associés à l’installation de quatre panneaux photovoltaïques, suffisent apparemment à remplir les obligations légales en matière de « développement durable » [1].
Située au sud de la métropole tourangelle, la zone d’activité commerciale compte déjà 289 commerces. Immense succession de boîtes de tôle hébergeant tous types d’enseignes, de Décathlon à Auchan en passant par Norauto, elle s’étend sur 136 hectares. L’extension autorisée par la CNAC doit accueillir un cuisiniste, alors que la zone en compte déjà quatre.
L’autorisation a été donnée quelques semaines seulement après qu’un débat ait été ouvert dans les médias nationaux sur la « mort » des centres-villes. Désertés par les commerces, les centres subissent la concurrence des zones périphériques, où les surfaces commerciales ne cessent de s’étendre. La question des centres-villes a été érigée en « grande cause nationale 2018 » par le gouvernement, mais celui-ci a rejeté l’idée d’un moratoire sur les extensions de surfaces commerciales, réclamé par l’association « Centre-Ville en Mouvement » [2]. 931 000 m² de surfaces commerciales supplémentaires sont attendus en France d’ici fin 2018.
Illustration par Andreas Eriksson Järliden, CC BY-NC 2.0.