Serge Utgé-Royo, l’ami-chanteur au cœur anar

La salle du Centre Culturel de Saint-Pierre des Corps était qua­si­ment comble ven­dredi 28 mars. Serge Utgé-Royo y est déjà venu plu­sieurs fois, et le public lui est fidèle. Il a chanté ven­dredi Léo Ferré, mais aussi quel­ques-unes de ses pro­pres chan­sons.

« Soyez heureux ! » Ce sont les derniers mots de Serge Utgé-Royo, quand le concert est terminé. Pas question en effet d’en sortir déprimé, malgré l’émotion, le désespoir présents dans beaucoup de ses chansons. Il dit aussi, il crie, il fait vibrer la révolte, l’insoumission, l’amitié, la beauté de la vie.

Serge Utgé-Royo, c’est 40 ans de chansons boycottées par les radios et la télévision à cause de son engagement libertaire, c’est une voix magnifique, un talent musical et poétique, une sensibilité et une sincérité communicatives dans l’interprétation. Fils d’exilés catalans, réfugiés en France après la guerre d’Espagne, il a gardé la mémoire des combats, des espoirs et des larmes des siens, et n’a eu de cesse de transmettre cette mémoire et de chanter la lutte contre l’oppression, la fraternité avec les étrangers, les travailleurs, les petites gens, et envers et contre tout la liberté, l’espoir, l’utopie.

Du répertoire de Ferré, il a choisi des classiques : La vie d’artiste, L’âge d’or, L’affiche rouge, Madame la misère, mais aussi des chansons moins connues (Mon général), ainsi que Les anarchistes, Ni Dieu ni maître, qu’il a tenté, avec un succès modéré, de faire reprendre par la salle.
Il a interprété aussi plusieurs de ses propres compositions. En particulier Sur la Commune, Si l’utopie marche le pas, Les diamants de l’été, Des gouttes de bonheur, et sa chanson contre l’extrême-droite malheureusement toujours actuelle Amis, dessous la cendre, écrite en 1985.

« Tous les copains de la Commune
Ne sont pas morts sans rien laisser
Ils doivent nous garder rancune
De laisser crever leur passé...
Ils doivent nous garder rancune
De ne pas mieux en profiter (...) »

Extrait de Sur la Commune à écouter ou ré-écouter sur le site de Serge Utgé-Royo.

Utgé-Royo se met souvent en retrait pour laisser place à la musique, talentueuse et joyeuse, de ses compagnons. Léo Nissim, le pianiste, joue en solo Avec le temps, les paroles n’ont pas besoin d’être dites, elles sont dans la tête des spectateurs. Le spectacle est superbe, diffuseur d’énergie, de révolte, et de tendresse. « Des gouttes de bonheur dans les yeux »... et dans les oreilles !

En première partie, Antonin Béranger, jeune musicien tourangeau a lui aussi chanté Léo Ferré en s’accompagnant au piano. Une interprétation personnelle, et néanmoins fidèle, beaucoup d’émotion et de force, saluée avec plaisir par les spectateurs.

P.-S.

Le titre de l’article fait référence à la chanson Mon ami au cœur anar, de Serge Utgé-Royo.