Rassemblement devant la préfecture : « c’est le combat pour la justice sociale qui fera reculer les guerres »

Après que la manifestation prévue avait été interdite par le préfet, environ 200 personnes (essentiellement des syndicalistes) se sont réunies mardi 24 novembre à 10h devant la préfecture, dénonçant notamment un placement de la population en état d’urgence permanent.

Initialement, c’est l’intersyndicale des retraité-es qui appelait à manifester ce mardi matin à Tours. La raison ? Leurs pensions n’ont été revalorisées que de 0,1 %, « soit 1 euros par mois pour une pension de 1 000 euros, même pas de quoi acheter La Nouvelle République ou une baguette de pain ».

Et puis, avec les attentats du 13 novembre et la prolongation de l’état d’urgence, la mobilisation a pris une autre tournure. La CGT appelait ainsi à « une manifestation interprofessionnelle, rassemblant les actifs, les retraités, les chômeurs pour exiger qu’une réelle politique sociale soit engagée dans le pays et qu’aucune mesure liberticide ne soit prise par le gouvernement ». Mais le préfet a interdit la manifestation. Motif invoqué : les forces de police devaient protéger un rassemblement interreligieux à la mairie de Tours... « Des bondieuseries », pour le syndicaliste de SUD qui tenait le micro, et poursuivait : « Nous sommes en deuil, mais nous sommes aussi en colère. Parce que non seulement nos revendications ne sont pas prises en compte, mais en plus l’austérité continue : on préfère continuer à donner de l’argent au grand capital, plutôt que de satisfaire les revendications légitimes entre autre des retraités ».

Un syndicaliste de la FSU a pris la suite, et a notamment évoqué « un jeune camarade », Mathieu Giroud, maître de conférence en géographie tué au Bataclan, qui était membre du syndicat national de l’enseignement supérieur (SNESup).

Enfin, une militante a pris la parole au nom de la CGT d’Indre-et-Loire. Comme les autres, l’organisation dénonçait les attentats commis à Paris, et évoquait aussi les victimes des attentats commis à Beyrouth ou Bamako. Évoquant ensuite les prises de position qui ont suivi les attaques à Paris, elle déclarait :

« La guerre ne règle rien, au contraire. (...) Les multiples interventions militaires en Irak, en Lybie, en Syrie, etc., loin d’instaurer la démocratie, ont généré un appauvrissement des populations, avec des centaines de milliers de victimes, et une impasse économique et sociale. C’est le terreau sur lequel le terrorisme se développe, poussant des populations entières sur les chemins de l’exil. »

Elle mettait ensuite en garde contre une restriction des libertés individuelles et collectives, et rappelait que la France est « le deuxième pays vendeur d’armes au monde, devant les Russes et la Chine ». Elle déclarait que la CGT refusait que la population, à travers des modifications de la constitution, soit placée de fait dans un état d’urgence permanente :

« [La CGT] refuse que l’expression revendicative et le mouvement social soient muselés. (...) C’est bien le combat pour la justice sociale qui fera reculer les guerres, le terrorisme, le fondamentalisme, la xénophobie, le racisme, l’obscurantisme et la régression ».

Au terme des prises de parole, des représentant-es des différentes organisations ont été reçu-es par le directeur de cabinet du préfet. Le rassemblement s’est progressivement dispersé sous la pluie.