[TW LGBTphobie, racisme et violences physiques]
Si les visages des hommes qui posent devant les restes du drapeau arc-en-ciel sont floutés, l’un d’eux se distingue par le salut qu’il effectue de la main droite, trois doigts tendus. Ce signe, connu sous le nom de « salut de Kühnen », est une variante du salut nazi que l’on retrouve souvent sur les photos de militants d’extrême-droite [1] . Autres éléments distinctifs : sa tenue, qui tranche avec celles des autres personnes présentes sur la photo. Veste brune, jean clair, baskets blanches… C’est exactement la même tenue qu’arborait Pierre Andrault, un militant de l’Union des étudiants tourangeaux, lors d’une opération de tractage devant la faculté des Tanneurs (voir la photo ci-dessous).
L’UDET est un syndicat étudiant d’extrême-droite qui avait présenté une liste aux élections universitaires de mars 2020, en lien avec la Cocarde étudiante, un autre regroupement d’étudiant-es d’extrême-droite. L’UDET est également liée au groupe Des Tours et des Lys, une organisation proche du mouvement néofasciste Bastion Social [2]. Toute cette mouvance s’est largement mobilisée en soutien aux manifestations anti-PMA organisées le week-end du 10 octobre, est connue pour son homophobie violente et aime poser avec les drapeaux volés à leurs « adversaires » désignés. Autant d’éléments qui accréditent l’hypothèse selon laquelle c’est bien Pierre Andrault que l’on voit sur la photo.
À coup sûr, ni la Mairie, ni la Justice, ni la Police, ne leur mettront des bâtons dans les roues. L’université de Tours leur avait déjà ouvert grand ses portes pour les élections universitaires 2020, alors que son président, Philippe Vendrix (oui, lui [3]), n’a jamais condamné l’intrusion nocturne de l’UDET dans la fac occupée, qui avait pour but de « redonner une leçon de boxe et surtout de virilité » aux occupant-es, selon leur communiqué revendiquant l’action [4]. Le 10 octobre, à l’occasion de la pride LGBT+ organisée en réaction au rassemblement de la Manif pour Tous 37, l’adjoint au maire, M. Bertrand Renaud, a pris la parole devant les pro-PMA pour leur proposer une discussion devant la mairie afin de laisser la place aux LGBTphobes dans la rue, sous prétexte que leur manifestation, elle, était déclarée. À La Roche-sur-Yon, en mai 2019, le jour de la lutte contre l’homophobie, plusieurs militants d’extrême-droite et des étudiants de l’ICES, l’Institut catholique de Vendée, s’en étaient pris à un stand LGBT+ ; la Justice, classiste, comme à son habitude, a décidé de relaxer les bourgeois néofascistes [5].
Le vol de ce drapeau rappelle les mobilisations homophobes du groupuscule identitaire Vox Populi, au début des années 2010. Accompagnés des skinheads néonazis des Loups Turons et de supporters ultras du club de football de Tours, ces militants d’extrême-droite organisaient des contre-manifestations pour s’opposer aux Prides et scandaient « Pas de défilé pour les enfilés » en 2010, puis « Stop à l’homofolie » en 2011, arborant l’illustration ci-dessous en photo de profil sur Facebook [6].
Il est hors de question pour nous, miliant-es antifascistes d’ici et d’ailleurs, de collaborer avec la Police assassine, la Justice classiste et raciste ou des élu-es hypocrites pour empêcher l’extrême-droite de s’étendre.
Le fascisme reprend ses aises, foutons lui le feu.