« Allez (sic) à la rencontre des petites filles de France (20 000 enfants escomptés) à travers des escales dans quinze villes, voilà le programme du "Barbie be super tour" annoncé par Delphine Sochon, chef de groupe des produits filles Mattel. » [1]
Samedi 4 juillet, il n’y avait pas que des petites filles dans l’espace occupé par la marque sur le boulevard Heurteloup. Il ne s’agissait pas d’une banale vitrine : l’endroit donnait lieu à des « visites guidées et gratuites » et proposait des ateliers aux enfants (qui étaient exhortés à « trouver leur style ») [2]. La nuit, un vigile avait été affecté à la surveillance du lieu, délimité par des barrières. C’est qu’il n’aurait pas fallu que disparaissent subrepticement un diadème ou un aspirateur en plastique...
Tous les passants qui déambulaient de la place Jean Jaurès vers la gare ont pu être exposés à l’opération, puisque le barnum aux couleurs de Barbie occupait toute la largeur du terre-plein central du boulevard Heurteloup. Plus original qu’un panneau 4x3, mais aussi plus intrusif : la perspective était complètement bouchée. Overdose de rose criard assurée.
Grâce à la mairie de Tours, les ateliers proposés par les marques de jouets peuvent ainsi se substituer aux ateliers proposés par les centres sociaux dont la politique déplaît aux élus. Faut dire que pour enseigner aux petites filles comment aimer le rose, conformer leurs désirs à une caricature improbable de corps féminin, et « trouver leur style » pour faire bander Ken c’est sans doute plus efficace. Ou quand la marchandisation de l’espace public se marie à merveille avec l’avatar des meilleures valeurs sexistes.