En pleine campagne, vue sur les vapeurs de la centrale nucléaire, d’un côté une parcelle déjà acquise par EDF, de l’autre une des parcelles objet de la prospection foncière en cours par la Safer [1] pour le compte d’EDF. C’est ici que vendredi 25 janvier des militant·es de la Confédération paysanne ont symboliquement installé des petites fermes, pour rappeler que la terre agricole doit être protégée, pour l’intérêt général !
Ici à Avoine, EDF a déjà acquis 90 hectares de terres agricoles et cherche à en acquérir encore 40, sans avoir donné d’information sur un projet qui aliénerait ainsi 130 ha de terres agricoles. Avoine n’est pas un cas isolé, EDF cherche ainsi à acquérir une centaine d’hectares autour de plusieurs centrales nucléaires ailleurs en Région Centre et en France [2].
En Région Centre, la Safer a été missionnée par EDF pour faire l’étude foncière autour de plusieurs centrales, c’est-à-dire faire le tour des propriétaires de foncier pour savoir s’ils seraient prêt à vendre, à quel prix, voire à échanger avec d’autres parcelles. La Confédération paysanne de Touraine s’alarme de voir la Safer faciliter ainsi une possible future artificialisation des sols, en contactant pour son étude individuellement les potentiels vendeurs. Cette démarche entre en contradiction avec les missions originelles de la Safer, à savoir la « protection des espaces agricoles » et la « transparence du marché foncier ». Chaque année 800 à 1 000 ha sont déjà artificialisés en Indre-et-Loire soit la superficie de 15 à 20 fermes moyennes.
Avec cette action, la Confédération paysanne de Touraine :
- assure qu’elle soutiendra tout paysan qui ne souhaite pas vendre ses terres à EDF et qu’elle sera extrêmement vigilante sur les prix du foncier ;
- exige la transparence d’EDF sur le projet qui nécessite selon eux ces espaces. Quand un paysan se positionne pour acheter des terres, il doit présenter son projet, il n’y a pas de raison qu’EDF échappe à la règle et que des terres soient mises en réserve avant de connaître les intentions de l’entreprise ;
- et renouvelle son appel à acter sans tarder une loi foncière qui réaffirme comme mission prioritaire de la Safer la protection des terres agricoles, en allouant les fonds publics nécessaires pour que la Safer puisse mener à bien cette mission en toute indépendance. Il est de plus en plus probable nous dit-on que la loi foncière, qui devait initialement être discutée en 2019, soit repoussée ou abandonnée. Pour la Confédération paysanne cette loi foncière est primordiale et urgente !
Hasard du calendrier ou pas, La Nouvelle République du jour titrait que « la centrale de Chinon sera pilote pour le démantèlement ». Cela n’enlève en rien la détermination de la Confédération paysanne : il est insensé de sacrifier 130 ha de terres agricoles pour un éventuel démantèlement. Et choisir des terres agricoles plutôt que des zones déjà mises hors de culture est un non sens écologique et alimentaire. Quoi qu’il en soit, tant qu’EDF ne communique pas officiellement sur son projet dans les instances qui surveillent l’artificialisation des sols et tant que des terres agricoles sont concernées, le syndicat ne relâchera pas sa vigilance. Les terres doivent rester aux paysan·nes et nous permettre de produire de l’alimentation.
La Confédération paysanne de Touraine