Petite biographie du premier gouvernement du président Macron

M. Emmanuel Macron dont les discours sur le renouveau et la lutte contre le système ont fleuri pendant la campagne nous a proposé il y a trois semaines un gouvernement de « rupture ». Il n’est pas inintéressant de se pencher sur les parcours de ces 23 personnages qui vont faire la politique de la France : douze hommes et onze femmes ; une moyenne d’âge de 55 ans, six membres du PS, trois LR, deux du PRG, trois du MODEM, cinq hauts fonctionnaires avec des fonctions exécutives et quatre membres de la « société civile », tout sauf novices ; sept ont fait Sciences-Po et trois l’ENA ; huit sont passés par des grosses boîtes internationales ; six ont des distinctions honorifiques d’Etat.

Ces biographies ont été construites à partir des informations publiques disponibles sur les membres du gouvernement. Ces derniers n’évoquent pas toujours publiquement leur vie privée et le présent article entend d’abord dessiner une certaine endogamie sociale, nullement faire du voyeurisme ou de la dénonciation gratuite. Il n’y a pas de parti pris de la part de l’auteure dans la sélection des informations sur les parcours, elle ne fait qu’exposer les éléments qu’elle a trouvé. Et pour paraphraser Pierre Bourdieu, "dévoiler n’est pas dénoncer"...chaque lecteur tirera donc les conclusions qu’il voudra de cette lecture.

Édouard Philippe - Premier Ministre - 46 ans

Fils de professeurs du Havre, il passe son baccalauréat à Bonn où son père est devenu directeur du lycée français. Il enchaîne avec une classe préparatoire littéraire dans un grand lycée parisien, intègre Sciences-Po Paris puis l’ENA. A cette époque, il milite au Parti Socialiste dans le courant rocardien. Il se marie ensuite avec celle qui deviendra la directrice de l’école de droit de Sciences-Po Paris.

Fraîchement diplômé, il entre au Conseil d’État où il devient spécialiste des marchés publics puis se fait embaucher (2004) par un gros cabinet d’avocats américain spécialisé dans le droit des affaires, Debevoise & Plimpton (750 millions d’euros de Chiffre d’Affaires). Trois ans plus tard, en 2007, il devient Directeur des Affaires Publiques (titre poli pour ne pas dire lobbyiste en chef) d’Areva, leader mondial du nucléaire. Il ne quittera ce poste qu’en en 2010.

Parallèlement, il s’investit en politique, cette fois à droite, auprès du vieux maire du Havre dont il devient l’adjoint spécialisé dans les affaires juridiques. Il échoue une première fois aux législatives à cette époque mais Alain Juppé le repère et le catapulte dans les hautes sphères de l’UMP en création (2002-2004). En 2004 il devient conseiller régional de Haute Normandie puis fait un passage au Ministère de l’Ecologie en 2007 auprès d’Alain Juppé.

En 2008, il est conseiller général puis enchaîne les postes d’adjoint au maire au Havre avant de devenir maire en 2010 et président de l’Agglo l’année suivante. Il devient député en 2012 et brille lors de la législature par son refus de se plier à la loi sur la transparence de la vie publique, par son opposition à la loi sur la transition énergétique et par son absentéisme très prononcé.

En 2016, il soutient Alain Juppé aux primaires de LR puis se rallie à François Fillon avant de le lâcher dès les premiers jours du scandale.

Mounir Mahjoubi – Secrétaire d’Etat chargé du numérique - 33 ans

Fils d’ouvriers, il bosse chez Club Internet pendant ses études et devient délégué syndical CFDT puis entre au PS (pro-Ségolène Royal).

Il obtient un master Finance et Stratégie à Sciences-Po Paris. Il devient président du Conseil National du Numérique crée par Hollande et mêlant élus, cadres des grosses boîtes du numérique et dirigeants de Start-Up. Il est investi par REM pour la députation à Paris.

Il crée une boîte « sociale et solidaire » de vente sur Internet de miel (2,5 millions d’euros de Chiffre d’Affaires, Xavier Niel, de Free, en est actionnaire minoritaire). Il a été Directeur Général de BETC digital, boîte de services digitaux aux grosses entreprises, puis il crée French Bureau, une start-up d’aide à l’innovation au service des grosse boîtes.

Sophie Cluzel – secrétaire d’état chargée des questions de handicap - 56 ans

Elle fait une école supérieure de commerce à Marseille, se marie et devient mère de quatre enfants. Confrontée à certaines problématiques après la naissance de sa dernière fille qui est trisomique, elle crée des associations de défense des intérêts des enfants handicapés et elle devient la coqueluche des médias sur ces questions.

Chevalier de l’ordre national du mérite et Officier de la Légion d’Honneur.

Marlène Schiappa – secrétaire d’Etat égalité hommes-femmes - 34 ans

Fille d’un universitaire réputé, elle fonde le Blog « maman Travaille », puis crée à partir de ce succès sur internet une association qui va avoir rapidement le vent en poupe. Elle utilise sa notoriété pour écrire des bouquins (dont certains avec un contenu sexiste diversement apprécié à leur sortie), fonder un webzine, intégrer des blogs plus célèbres puis entrer en politique, au PS. Elle devient adjointe au Mans, conseillère communautaire puis échoue aux cantonales. Elle entre dans un cabinet ministériel sous Hollande puis passe chez Macron.

Elle marraine tout un tas de prix et concours (prix HEC, prix de l’entrepreneuse...).

Christophe Castaner – secrétaire d’Etat chargé des relations avec le parlement - 51 ans

Etudes de droit à Aix, spécialiste du droit international des affaires, il complète sa formation avec un passage par Sciences-Po.

Il entre à la direction juridique de la BNP, puis passe dans le public où il travaille dans des cabinets municipaux puis ministériels. Il entre au PS puis est élu conseiller régional en PACA puis maire de Forcalquier et enfin député (2001-2017). Manuel Valls lui confie la vice-présidence d’un conseil d’orientation.

Il passe chez Macron il y a quelques mois.