Pesticides : besoin de politiques ambitieuses, pas de chartes

Une consultation est en cours sur un projet de « charte d’engagement », rédigé par la Chambre d’agriculture et la FNSEA 37 pour réduire les distances d’épandage de pesticides aux abords des habitations. La Confédération paysanne demande que soit menée d’urgence une réelle politique de sortie des pesticides. Communiqué.

Une consultation discrète pour réduire des distance d’épandage de pesticides

Fin 2019, un arrêté national définissait des « zones de non traitement » (ZNT) avec des distances minimales pour les épandages de pesticides aux abords des propriétés d’habitations. La possibilité était laissée d’adopter localement des « chartes d’engagements des utilisateurs » pour réduire les distances fixées par l’arrêté.

En Indre-et-Loire, une consultation est en cours (jusqu’au 11 juin) sur le « projet de charte d’engagements » élaboré par la FNSEA 37 et la Chambre d’agriculture. La consultation, lancée en plein confinement le 30 mars, se passe uniquement en ligne [1] et sans grande publicité.

Notons que début 2020, le gouvernement a décidé de permettre aux agriculteurs d’appliquer des distances réduites avant même l’adoption de ces chartes [2]. Cette décision montre la petitesse du ministère de l’agriculture dans sa gestion de la problématique des pesticides, pourtant majeure pour la santé des populations.

Distances et chartes, une fausse solution

Ça n’est pas avec des « chartes de bon voisinage » et des « zones de non traitement » (« ZNT » interdisant l’épandage de pesticides en bordure de propriété) que nous protégerons efficacement les riverain·nes et les paysan·nes. Les pesticides se retrouvent dans l’air, l’eau, les sols, l’alimentation et des distances n’y changeront rien.

Rappelons que la France est vice-championne d’Europe (juste après l’Espagne) en terme de consommation de pesticides, dont 90% sont utilisés en agriculture. Malgré les « efforts » politiques et la pression de l’opinion publique, cet usage est en constante augmentation : la quantité de produits phytosanitaires pour l’agriculture utilisée en France a augmenté de 25 % entre 2011 et 2018, là où le plan Écophyto prévoyait une réduction de 50 % [3].

Pour la Confédération paysanne, la mise en place des zones de non traitement (distances réduites ou pas), tout comme la concertation menée en catimini actuellement sur le site de la Chambre d’agriculture départementale, n’ont pas d’autre vocation que de tenter d’acheter la paix sociale dans les campagnes, avec l’accord du lobby des pesticides.

L’urgence d’une réelle politique de sortie des pesticides !

La meilleure manière de protéger la santé des paysan·nes et de la population en général est de permettre au monde agricole de s’affranchir des pesticides. Il faut aider les paysan·nes à se passer au plus vite des molécules les plus dangereuses, puis mettre en place massivement des accompagnements techniques et financiers pour soutenir des changements de pratiques et le développement des alternatives aux pesticides, en parallèle de mesures commerciales pour des prix rémunérateurs donnant plus de marge de manœuvre aux paysan·nes. Une réelle politique de sortie des pesticides est urgente et vitale.

Notes

[1« Concertation publique sur le projet de charte d’engagements des utilisateurs agricoles de produits phytopharmaceutiques » : en lien ici

[3Voir les évolutions du NODU agricole, page 7 de la note de suivi 2017-2018 disponible sur vie-publique.fr en lien ici. Le NODU, "nombre de doses unités" est l’indicateur de référence qui permet de quantifier le recours aux produits phytosanitaires