L’Indre-et-Loire compte 273 communes et autant de maires [1], 5 député-es [2], 3 sénateurs-rices [3], 20 conseillers régionaux (sur 77) [4] et 38 conseillers départementaux [5].
Un peu plus de 300 parrainages pouvaient donc être donnés dans notre département [6]. Il y en eut 119 [7], ce qui fait moins de 40 % de participation pour nos élus. Et dire qu’ils nous bassinent avec l’importance du vote et les risques que feraient peser l’abstention... En regardant avec attention qui a parrainé qui, le moins que l’on puisse dire c’est que le département n’est pas pas particulièrement friand de socialisme ou plus simplement de candidats prenant faits et cause pour une réelle politique sociale et citoyenne. Revue de détail.
Au royaume des aveugles les borgnes sont rois
Ils sont nationalistes, souverainistes et réactionnaires ; militaires de carrière, avocats ou hauts fonctionnaires ; xénophobes, islamophobes ou simplement anti-immigrés ; ils n’aiment ni les syndicats ni les homosexuels ; ils sont plus ou moins complotistes, conspirationnistes, voire climato-sceptiques ; il y a même un royaliste... et ils ont recueilli, en Indre-et-Loire, 65 parrainages, c’est-à-dire environ 55 % de l’ensemble des parrainages actés :
Mention spéciale pour le maire de Saint-Nicolas-des-Motets qui a choisi Didier Tauzin, général de division de l’armée de terre et directement mis en cause au Rwanda pour complicité de génocide [8].
Autrement, pour nos amis de la « droite libérale », ces amoureux de la finance et des calculs arithmétiques ; en lutte contre les acquis sociaux, les chômeurs et les bénéficiaires du RSA ; porte-voix des banques et des lobbys ; les voilà qui comptabilisent 28 parrainages, soit 24 % de l’ensemble :
Enfin, pour ce qui concerne les candidats étiquetés à gauche (ou « citoyens » dans le cas de Marchandise) [9], ils se partagent les 21 % des parrainages restant :
Du coup, si on fait le calcul, cela fait quand même près de 79 % des parrainages qui se sont portés vers les idées les plus rétrogrades et les plus conservatrices du champ politique. La Réaction a encore de beaux jours devant elle dans notre département.
Petites trahisons entre amis
Si nous nous intéressons de plus près aux 40 élus non-maires (ou qui se sont déclarés autrement que comme maires [10]) qui se sont positionnés, voici ce que nous obtenons : 20 conseillers départementaux (soit 53 % de participants), 13 conseillers régionaux (65 %), 4 députés (80 %), 3 sénateurs (100 %) et un président de la communauté d’agglomération. Cela fait donc près de 75 % des élus non-maires qui ont joué le jeu des parrainages.
Parmi les 20 conseillers départementaux, 16 ont choisi Fillon, ce qui est presque un carton plein, puisque le groupe LR au conseil départemental compte 18 membres [11]. Un autre membre du groupe LR s’est porté sur Juppé. Macron s’est consolé, quant à lui, avec un parrainage Divers Gauche et un autre venant de l’UDI, les deux dans la dernière ligne droite (courageux mais pas téméraires nos amis transfuges !). La palme du camouflet revient à Hamon puisqu’il n’a obtenu qu’1 parrainage sur les 7 possibles (PS et DVG).
Concernant les élus régionaux, même mauvaise soupe pour Hamon : 4 parrainages sur les 8 possibles. Faut dire que deux membres du PS se sont portés sur Macron. Autre perdant, Fillon : 1 parrainage sur les 5 possibles. Au dernier moment, les élues écolos se sont tournées vers le candidat du NPA et la « candidate du web » Charlotte Marchandise [12]. Grand gagnant : le Front National qui a su amener ses quatre représentants au conseil régional à parrainer Marine. Voilà un parti où règne l’ordre et la discipline : leur honneur s’appelle fidélité.
Pour les députés, match nul : 2 pour Hamon et 2 pour Fillon. Reste un député PS, M. Beffara qui n’a pas pris parti. En attendant de se mettre lui-aussi En Marche ? Voilà une affaire à suivre.
Du côté des sénateurs-rices, il est intéressant de noter que la sénatrice communiste et maire de Saint-Pierre-des-Corps a donné sa voix à Mélenchon au tout dernier moment ; de quoi alimenter un peu le malaise qui semble s’étendre entre mélenchonistes et communistes. Dans tous les cas, chez les socialeux, le grand perdant est encore Hamon : Filleul a choisi très tôt Macron (tout comme son « compagnon de route » Pierre Dourthe, qui est aujourd’hui président de la communauté d’agglomération Touraine-Est-Vallées) ; quant à Riocreux, elle a attendu, elle aussi, le tout dernier moment pour se positionner pour Hamon.
Comme quoi notre ami Hamon, avec moins de 40 % de soutien de la part de sa famille politique dans le département, devrait prendre rapidement les mesures appropriées, à commencer par se barrer de son parti.
Où donc investir dans un bout de terrain dans ce fichu département ?
273 maires en Indre-et-Loire et seulement 81 maires ont accordé leur parrainage. C’est moins de 30 % de participation. Rien à voir donc avec les élus des conseils départementaux et régionaux. Peut-être parce que plus près du terrain, ils n’ont que faire des querelles politicardes que représente cette élection ? Ou bien s’en foutent-ils tout simplement.
Ce qui est sûr, c’est qu’à la lecture des résultats des municipales de 2014 [13], les candidats pouvaient espérer mieux : 68 communes sont affiliées « à gauche » (Front de Gauche, Union de la Gauche, Parti Socialiste et Divers Gauche) [14] et 133 sont affiliées à la droite (Front National, Union pour la Majorité Présidentielle-Les Républicains, Union de la Droite, Union des Démocrates Indépendants, DiVers Droite) [15]. Les 72 maires restant sont inscrits comme « sans étiquette ». Décidément, l’Indre-et-Loire n’est pas prête de virer au rouge. N’empêche, ici encore la gauche parlementaire n’aura réussi qu’à récupérer 21 % des parrainages qui auraient dû lui être acquis ; là où la droite arrive à mobiliser plus de 36 % de ses troupes.
Le prix David Copperfield est attribué à Emmanuel Macron qui, avec son quasi carton plein chez les officiels du PS (6 maires sur 7) et sa salade niçoise Divers Gauche et Divers Droite, nous promet donc des changements révolutionnaires.
Dans tous les cas, à la lecture de ces chiffres, on se prend à rêver d’un certain mimétisme pour les prochaines élections et on espère que 70 % des inscrits n’iront pas voter. Plutôt que de donner à l’envie des leçons de démocratie, que nos hommes politiques fassent donc déjà en sorte que les élus afférents à leurs différentes paroisses participent un peu mieux à leur jeu électoral.
Communes ayant soutenu les candidats étiquetés à "gauche" ou "citoyens" |
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Nathalie Arthaud : Parçay-sur-Vienne, Channay-sur-Lathan, Couziers, La Chapelle-Blanche-Saint-Martin, Vou, Le Petit-Pressigny ; Jean-Luc Mélanchon : Bourgueil, Château-Renault, Huismes, Saint-Genouph ; Benoît Hamon : La Riche, Montlouis-sur-Loire ; Charlotte Marchandise : Reugny, Saint-Etienne-de-Chigny ; |
Communes ayant soutenu les candidats de la droite ultra libérale |
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Emmanuel Macron : Artannes-sur-Indre, Bléré, Bridoré, Chambray-lès-Tours, Cormery, Draché, Jaulnay, Larçay, Ligueil, Lussault-sur-Loire, Nazelles-Négron, Ports, Preuilly-sur-Claise, Saint-Branchs, Saint-Hippolyte, Sepmes, Villeperdue ; Rama Yade : Champigny-sur-Veude, Veigné ; Alain Juppé : Dierre, Pont-de-Ruan ; |
Communes ayant soutenu les candidats de la droite la plus conservatrice et la plus extrémiste |
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Michèle Alliot-Marie : Crissay-sur-Manse ; François Fillon : Autrèche, Braslou, Brizay, Chanceaux-près-Loches, Chinon, Descartes, Francueil, Joué-lès-Tours, La Croix-en-Touraine, Le Liège, Loches, Montbazon, Neuvy-le-Roi, Perrusson, Pouzay, Richelieu, Rigny-Ussé, Sainte-Maure-de-Touraine, Saint-Avertin, Saint-Christophe-sur-le-Nais, Saint-Laurent-de-Lin, Saint-Paterne-Racan, Saint-Règle, Semblançay, Sorigny, Sublaines, Vernou-sur-Brenne ; Jacques Cheminade : Candes-Saint-Martin, Rillé ; Jean Lasalle : Charnizay, Mazières-de-Touraine ; NIcolas Dupont-Aignan : Langeais, Morand ; François Asselineau : Bossée, Céré-la-Ronde, Gizeux, Saint-Aubin-le-Dépeint, Saint-Jean-Saint-Germain, Varennes, Villiers-au-Bouin ; Robert De Prévoisin : Cussay ; Didier Tauzin : Saint-Nicolas-des-Motets ; |