« Pain, Paix, Liberté ! » : poème d’un ouvrier tourangeau

Aux élections législatives de 1936, le Front Populaire, composé de la SFIO, du Parti radical-socialiste et du Parti communiste emporte la majorité de la Chambre des députés.

Dans la foulée de l’élection, un vaste mouvement de grèves permettra à la classe ouvrière d’arracher un certain nombre de droits : conventions collectives, semaine de 40 heures, congés payés, droit syndical... Le slogan électoral du Front populaire, « Pain, Paix, Liberté », avait inspiré un poème à Gaston Delavière, ouvrier tourangeau.

Paix, Pain, Liberté !

Nous voulons bâtir dans la paix
Une société fraternelle
Où nous vivrons tous désormais
Loin de la Guerre criminelle !
Car nous voulons, en vérité
La Paix, le Pain, la Liberté !

Contre le fascisme assassin
Nous nous dressons avec courage
Afin que nous puissions demain
Vivre à l’abri de tout carnage...
Car nous voulons, en vérité
La Paix, le Pain, la Liberté !

Debout, pour le combat final
Contre un hideux obscurantisme
Et que demain notre Idéal
Sonne enfin la mort du Fascisme,
Car nous voulons, en vérité
La Paix, le Pain, la Liberté !

Contre les forces du Passé
L’étendard de notre révolte
Sans relâche doit se dresser
Nous conduisant vers la Récolte,
Car nous voulons, en vérité
La Paix, le Pain, la Liberté !

Pour que le peuple ait plus de pain,
Que grâce à lui l’Amour rayonne
Et que nos cœurs soient plus humains,
Serrons les rangs, car l’heure sonne
Où nous aurons en vérité,
La Paix, le Pain, la Liberté !

On a trouvé des infos supplémentaires sur Gaston Delavière dans le Maitron (le dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français). Il est né à Senlis (Oise) le 11 novembre 1893, mort le 5 février 1952 à Tours. Voici la notice le concernant :

« Fils d’un employé des PTT, Gaston Delavière fut employé à l’hôpital de Tours du 1er juin 1918 au 1er mars 1937. De son vrai nom Gaston Petit, Delavière collabora très activement au Réveil dès le début de 1920, tant par ses articles que par ses poèmes (il était secrétaire adjoint du groupe « Clarté » de Tours). Il écrivit la même année un recueil de poésie : La Chair mutilée. Délégué au congrès de Tours, décembre 1920, fervent partisan de l’adhésion du Parti socialiste à l’Internationale Communiste, il fut l’un des principaux rédacteurs du Réveil jusqu’en 1922.

Après avoir joué un rôle très important dans la naissance de la Fédération communiste, il commença à s’éloigner du PC au cours de l’été 1922 et finit par démissionner en janvier 1923. Il était en désaccord avec l’évolution politique du PC et estimait d’autre part que les intellectuels auraient dû bénéficier d’une certaine indépendance en son sein. (...) Secrétaire du groupe d’Education populaire Lariche-Larmartine depuis 1922, il fonda en 1924, sous le patronage d’Anatole France, l’Université populaire de Tours. La même année, il rejoignit le Parti socialiste SFIO (...). Delavière évolua vers la Fédération des socialistes chrétiens et mena une action pacifiste jusqu’aux accords de Munich qui lui firent souhaiter la fermeté à l’égard d’Hitler.

Il resta membre du groupe socialiste Lariche-Larmartine au moins jusqu’au Front populaire, mais il milita surtout dans le syndicat confédéré du personnel hospitalier dont il fut secrétaire de 1930 à 1934. Il collabora à La Touraine syndicaliste, l’organe de l’UD confédérée, de 1930 à 1935, à Terre nouvelle et à La Patrie humaine. »