Dans un mail interne détaillant les logiques du nouveau logiciel Parcoursup destiné à orienter les bacheliers dans les différentes filières de l’université, les enseignants de l’université de Tours ont pu constater toute l’hypocrisie des nouvelles modalités d’orientation.
Dans ce mail on apprend en effet que le nouveau logiciel « permettra de créer un algorithme personnalisé pour trier les candidats et les classer ». Il ne sera pas question pour les enseignants de consulter les dossiers : la rhétorique ministérielle de l’examen attentif de chaque dossier n’est que pure propagande. Tout sera donc automatisé. On imaginait mal de toute façon les enseignants du Supérieur, vu leur petit nombre et la masse des dossiers, pouvoir raisonnablement traiter chacun d’entre eux. Ils auront juste ainsi à déterminer les critères de classement pour chaque filière.
Un prétendu classement qui sauve l’Université de l’épineux problème de la « sélection » terme que le gouvernent refuse de voir employer. Dans les faits on ne sélectionne pas, on trie ! Nuance… D’autant plus que les critères de classement ne sont pas des plus limpides. « Les éléments pris en compte pour examiner les vœux », ne devraient contenir explicitement aucun « élément discriminant », comme des types de bac ou des notes minimum. Et pourtant, dans les faits, parmi les critères retenus par l’algorithme, il y aura bien les résultats notés de Première et Terminale. Mais, curieusement, ces derniers (et leur prise en compte) ne seront pas affichés dans l’application Parcoursup, sans doute pour ne pas effrayer tout le monde. Autant pousser l’hypocrisie jusqu’au bout ! Pas plus que dans l’ancien logiciel APB les étudiants ne sauront véritablement comment ils sont sélectionnés… triés, pardon.
Autre point qui devrait faire réagir : les modalités de remédiation pour les étudiants acceptés dans certaines filières sous conditions (« les oui si »). Ces conditions devraient être des modules adaptés, proposés dans le premier semestre par les universités. Le mail en question précise que « nous n’aurons pas l’obligation d’être précis dans les dispositifs mis en place, il s’agira surtout d’indiquer l’intensité de la remise à niveau. 3 à 4 niveaux seront définis au niveau national (Licence en 4 ans, Semestre de mise à niveau, Modules spécifiques de mise à niveau) ». Mieux vaut en effet ne pas être trop précis sur ces dispositifs. L’Université n’a aucune ligne budgétaire pour les financer sur fonds propre.
Une réforme qui change tout, sans véritablement changer quelque chose ? Si : quels que soient les processus ou les critères retenus, désormais l’entrée à l’Université n’est plus de droit, mais conditionné par des critères qui n’ont d’autre fonction que de masquer le manque de moyens pour accueillir les étudiants.