Nous ne sommes qu’en avril et la situation hydrologique déjà catastrophique : les niveaux d’eau de la Loire et des affluents sont bas, le temps est sec, les cultures en place demandent de l’irrigation, dans certains secteurs l’irrigation des semis de blé et maïs a commencé depuis plus de quinze jours.
Pour la Confédération paysanne, il faut anticiper et non gérer le manque d’eau quand il est trop tard. Le syndicat avait à ce propos obtenu que cette année une réunion ait lieu dès la sortie de l’hiver. Malheureusement, pour cause de confinement, l’observatoire sécheresse [1] prévu le 20 mars n’a pas pu se tenir.
La Confédération paysanne a appris le 23 avril que l’observatoire était remis au 18 juin... Se réunir le 18 juin pour aborder le « bilan de la saison d’irrigation 2019 » et les « perspectives pour la saison d’irrigation 2020 » c’est beaucoup trop tard ! La Confédération paysanne vient donc de demander à la préfecture et à la DDT [2] que les éléments qui devaient être présentés le 20 mars soient immédiatement mis à disposition de tous les participants à l’observatoire sécheresse et qu’une réunion soit organisée par téléphone sans attendre le 18 juin.
Anticiper la sécheresse, cela veut dire analyser les ressources disponibles, travailler différents scénarios météo, confronter et prioriser les usages (eau potable, milieux hydrologiques, activités économiques dont l’agriculture), prendre en compte les besoins et accompagner la transition des activités si l’eau n’est pas suffisante. Les enjeux de l’eau sont variés et beaucoup sont vitaux : garantir l’accès à l’eau potable, produire de l’alimentation mais aussi préserver la biodiversité. Il faut prendre en compte le milieu dans son ensemble.
Dans le secteur agricole, anticiper veut dire avoir une discussion sur l’usage de l’eau, le choix des cultures, avec par exemple la priorisation de l’irrigation pour les cultures à haute valeur ajoutée ou la survie des troupeaux. Ces priorisations doivent bien sûr s’accompagner d’un soutien à la transition des modèles agricoles, pour ne pas laisser seules les fermes qui doivent évoluer pour prendre en compte la rareté de la ressource en eau et le changement climatique.
Pour la Confédération paysanne, cela ne sert à rien de se réunir en observatoire sécheresse uniquement pendant l’été pour constater les niveaux bas, activer les mesures de restriction et valider une multitude de dérogations d’irrigation, comme nous l’avons constaté l’année dernière. C’est en amont qu’il faut faire un état des lieux des ressources, en sortie d’hiver, et organiser un espace de concertation entre les usages.
Illustration : la Loire à Tours rive sud le 25 avril 2020