Lettre ouverte d’accompagnant-es d’élèves en situation de handicap au ministre de l’Education

Les Accompagnants d’Élèves en Situation de Handicap du Collectif AESH national de la CGT Educ’Action écrivent une lettre au Ministre de l’Éducation nationale. Une réponse à la phrase « tout professeur doit se sentir protégé. » Qu’en est-il des AESH, M. le Ministre ?

M. Le Ministre,

Vous avez récemment déclaré à la suite d’un évènement tragique que « tout professeur doit se sentir protégé ». Nous, AESH, Membres du Collectif AESH national de la CGT Educ’Action, nous nous interrogeons sur la protection que nous offre l’Éducation nationale dans notre mission et notre quotidien.

Protection « sécuritaire » où, au vu des horaires que nous pratiquons, nous ne pouvons pas prétendre à des heures d’échange avec nos collègues AESH ou enseignant·es de nos établissements pendant nos heures salariées, à des heures de régulation pourtant indispensables et légales face à des situations lourdes et contraignantes.

Protection institutionnelle face à une institution corporatiste, institution qui favorise des conditions d’isolement telles que nombre d’AESH, lorsqu’elles ou ils ne font pas d’épisodes dépressifs, renoncent à ce métier tant apprécié.

Protection sociale dans une institution où la gestion des ressources humaines date du néolithique avec un système écrasant où nombre d’enseignant·es ou de personnel·les administratif·ves profitent de la précarité des AESH pour exercer un pouvoir hiérarchique pourtant obsolète, à caractère oppressant voire menaçant, oubliant que les AESH sont des collègues et non des subalternes.

Protection sociale encore où nombre d’AESH ne sont pas informé·es de leurs droits les plus élémentaires, n’étant pratiquement jamais inclus·es dans les listings des établissements ni convié·es aux réunions, conseils de classe, conseils d’école, même encore trop souvent exclu·es des ESS où leur présence est indispensable !...

Protection salariale enfin où, depuis septembre 2018, conséquence du décret 1017-1889, nombre d’AESH ont perdu l’indemnité compensatrice de la CSG !

Dans des situations où les salaires, issus de contrats précaires, sont misérables pour un travail indispensable, relevant de compétences précises avec des responsabilités notoires, nous, AESH, nous nous permettons cette analogie pour vous alerter sur notre situation qui ne cesse d’empirer : mutualisation excessive des contrats qui ne nous permettent plus de mener notre mission avec professionnalisme, perte de salaire, etc.

Jusqu’à cette proposition de périscolaire où, faute de nous accorder des formations spécifiques sur le handicap, faute d’inclure nos heures de préparation et d’échanges dans nos heures salariées, vous osez nous présenter - sous le prétexte de bénéficier d’un SMIC à temps plein - une nouvelle mission qui ne relève ni de nos fonctions ni de nos compétences !

M. Le Ministre, à nos demandes de professionnalisation de notre mission, de titularisation de nos statuts, de formations initiales et qualifiantes, vous répondez quantitatif, compensation du handicap mais jamais qualitatif ni prise en compte du dysfonctionnement que, pourtant, nous ne cessons de dénoncer

M. le Ministre, il est temps de nous protéger, de nous écouter, de nous recevoir et d’examiner avec attention nos revendications pour ne plus nous considérer comme le personnel invisible et « fourre-tout » de l’Éducation nationale !

Les AESH du Collectif AESH national de la CGT Educ’Action