Lettre ouverte au Parti Communiste de Tours

Lettre ouverte à l’intention des communistes de Tours qui ont décidé de rallier dès le premier tour, la liste socialiste conduite par Jean Germain pour les prochaines élections municipales.


Cher camarade,

Tu as donc décidé de poursuivre ta route auprès de tes collègues socialistes. Ceux-là même que tu fustiges sur le plan national. Dans ta justification tu prônes le contexte local et le risque de voir une droite unie ravir la mairie. Cette chère mairie et ses fauteuils dorés sur lesquels tu ne sembles pas bouder ton plaisir d’être devenu, permets moi de te le dire, un technocrate dénué de tout sens de la réalité.

Dans cette ville qui a vu naitre ton parti par opposition avec ces socialistes réformistes, dans cette ville où tes glorieux ainés se sont mis à rêver de révolution prolétarienne, toi tu prônes aujourd’hui le pragmatisme et un ralliement sans conditions. Et comme pour mieux te convaincre tu oses annoncer dans la presse que les discussions avec tes amis socialistes se feront sur la base de tes propositions. Penses-tu sérieusement qu’avec le chèque en blanc que tu viens de signer, tu es en position de négocier de la sorte avec eux ?

J’entends bien que tu ne rêves plus de révolution, que tu n’as plus rien de ce parti vindicatif souhaitant une autre société, que la lutte des classes est depuis longtemps devenu un gros mot. Tu es devenu un parti réformiste accompagnant le capitalisme, tout juste prêt à saupoudrer quelques miettes au bon peuple, pour lui faire croire à une illusion de changement.

J’entends bien que tu as besoin de ces quelques postes que les socialistes daigneront te laisser comme un os à ronger, pour amener un peu de sous dans tes finances étriquées.

J’entends bien également que tu as dû négocier avec eux en contre-partie quelques postes aux cantonales, voire — j’ose m’avancer — le fait d’avoir le champ libre sur la commune voisine de Saint Pierre des Corps.

Pourtant cher camarade, permets moi de te le dire, tu continues en agissant de la sorte à creuser ta tombe, car il y a bien longtemps que tu ne peux plus imposer quoi que ce soit à tes camarades socialistes. Bien au contraire, à chaque fois que tu noies ton rouge flamboyant dans le rose pastel voisin, ton influence aux élections électorales suivantes diminue un peu plus, renforçant avec elle ta dépendance au parti socialiste, que tu fustigeras de nouveau au plan national pour mieux le suivre au niveau local...

Mais plus important cher camarade, tu as oublié en agissant de la sorte un élément essentiel à la politique : le terrain des idées. Car outre la fonction électoraliste de ces échéances, elles sont surtout l’occasion d’avancer tes idées dans le débat public, de les transmettre à la population, de lui montrer avec pédagogie qu’il y a une autre voie que la sociale-démocratie, à la gauche de l’échiquier politique... Mais cela tu l’as sans doute oublié il y a bien longtemps et c’est certainement ta plus grosse erreur.

JP Elda