« Je suis très en colère ! » « Là, je ressens un sentiment de dégoût. » « Là, elle joue avec les règles collectives pour les enfreindre. » « C’est une trahison, elle joue sa carte personnelle, c’est de l’opportunisme électoraliste. » [1]
Dans les locaux de la fédération locale du PS, c’est le choc : Marisol Touraine, l’ancienne ministre de la Santé, l’ancienne député, l’ancienne présidente du conseil départementale, n’est pas une militante désintéressée, attachée au parti qui lui a offert sa carrière. En fait, celle qui se vantait de n’avoir jamais collé d’affiches [2] se découvre à leurs yeux comme une opportuniste prête à brader tout signe de rattachement à son ancienne écurie pour maintenir son train de vie (luxueux).
C’est la publication de son affiche de campagne (hideuse, d’un point de vue strictement graphique), qui a mis le feu aux poudres : bien qu’elle ait été investie par le PS, le logo du parti n’apparaît pas. Par contre, l’affiche comporte une mention « Candidate de la majorité présidentielle avec Emmanuel Macron ». Elle aurait pu faire comme Laurent Baumel et mettre un logo visible uniquement à la loupe, mais non, il a fallu qu’elle fasse son intéressante. Peu importe qu’il n’y ait pas de « majorité présidentielle » (une majorité, ça se calcule après l’élection), ou qu’elle n’ait pas été investie par les équipes de Macron : son but, c’est de se donner de meilleures chances que sous les couleurs de Benoît « Six pour cent » Hamon.
Tant pis si cela suppose de soutenir un gouvernement dirigé par la droite, au sein duquel les anciens élus UMP se sont réservés l’Économie (Le Maire) et le Budget (Darmanin). Pour elle, il faut dépasser « tous ces bisbilles de positionnement politicien ! » [3]. Elle a fait « le pari de la confiance », comme elle l’a expliqué devant les dix habitants qui se sont déplacés sans enthousiasme à sa réunion publique à Saint-Pierre-des-Corps, le 22 mai au soir. Dix personnes présentes, dans la plus grande ville de sa circonscription, ça donne une idée du naufrage.
En fait, tout le monde sait depuis longtemps que Marisol Touraine est de droite. Et en premier lieu, les travailleurs des établissements de santé du coin, dont on ne compte plus les mouvements de grève ces dernières années, quand Touraine était au ministère. Des luttes liées la dégradation constante de leurs conditions de travail, à la dévalorisation de leurs professions, et à des politiques de santé jugées uniquement à l’aune de leur rentabilité.
Il aura fallu cette campagne législative au goût de cadavre pour que les masques tombent — pour les quelques naïfs qui croyaient encore aux grandes déclaration de Marisol Touraine sur ses « valeurs ». On comprend qu’ils l’aient mauvaise.