Il faut 10 ans pour former un médecin, la faculté de médecine de Tours est la seule de la région Centre Val de Loire et vu la liberté d’installation des médecins jamais remise en cause, tous ceux qui sont formés ne sont pas obligés de s’y installer. La levée du numérus clausus, qui limitait l’entrée des étudiants en 2ème année de médecine à la suite d’un concours, est effective à partir de 2020 pour laisser les facultés déterminer en fonctions de leurs capacités, le nombre de places et théoriquement des besoins dans 10 à 15 ans fixés par l’ARS. En l’absence d’un vrai plan de financement des facultés de médecine, ce nombre total de 275 places en 2ème année au lieu de 255 est ridiculement bas compte tenu de la pénurie actuelle et à venir.
Dans les 10 ans à venir, un généraliste sur deux devra être remplacé dans la région Centre Val de Loire, sachant que celle-ci est la 3ème région ayant le plus faible taux de recours aux soins dû au manque de médecins et à l’éloignement des structures. D’autre part le vieillissement de la population va augmenter la demande.
Ce sont en réalité les capacités de formation qui déterminent ce nombre plutôt que les besoins ; pourtant ce ne sont pas les candidats qui manquent : sur 1500 étudiants qui vont passer l’examen de PACES (Première année commune des études de santé), 952 resteront sur le carreau ! Les autres spécialités n’augmentent pas leur accès à la 2ème année : pharmacie, dentaire, sages-femmes, kiné, ergothérapie, psychomotricité, techniciens de labo, il y a 548 places. Pourtant certaines de ces professions sont aussi en tension, il est difficile de trouver un dentiste même dans l’agglomération tourangelle. Le desserrement du numérus clausus n’était qu’un effet d’annonce si des moyens conséquents ne sont pas mis dans la formation.
Il y a fort à parier que dans le plan Ségur de la santé ce sont les glissements de tâche qui viendront compenser la pénurie médicale. Le collectif 37 Notre santé en danger demande un réel plan de financement de la formation pour supprimer les déserts médicaux et donner des moyens à toutes les professions de santé d’être en nombre suffisant pour exercer dans de bonnes conditions.