Le patron des McDo de Tours en pointe dans la mise en danger des salarié-es

Le site Médiapart a consacré une longue enquête à la politique de McDonald’s pendant le confinement. L’article pointe notamment du doigt les pratiques de Bernard Simmenauer, le patron des McDo de l’agglomération tourangelle.

  • Silence de la préfète et improvisation logistique

    Dans une enquête consacrée au sujet par le site Streetpress, on apprend que la préfecture a refusé de s’expliquer sur la situation, alors que plusieurs salarié-es ont alerté ses services. On apprend également comment l’approvisionnement des restaurants de Simmenauer a été organisé suite à la cessation partielle des livraisons de légumes et de pains frais aux restaurants du franchisé : « [Cela] a forcé des responsables ou managers à aller faire leurs courses directement aux supermarchés ou à s’échanger des produits parfois surgelés, par coffres interposés, sans précautions sanitaires et camions frigorifiques ».

  • Un droit de retrait inégalement respecté

    Le 13 avril, dans un communiqué commun, la Fédération CGT du commerce et services et l’Union Départementale CGT d’Indre-et-Loire signalent que « si l’ensemble des salariés du restaurant de Tours [Deux Lions] se sont vus intégralement payer leur droit de retrait, une sorte de reconnaissance du caractère fondé de ce droit et donc du danger réel de leur situation, [...] il en est autrement pour les autres restaurants du réseau, où la direction a fait le choix de ne pas payer les salariés ».

Depuis le début du confinement mis en place par le gouvernement, le quartier des Halles, à Tours, est quasiment désert. Seul le tabac à l’angle de la rue Bretonneau semble encore ouvert. Mais en tournant vers la place du Monstre, on se rend compte qu’un groupe de livreurs à vélo fait la queue devant l’espace de livraison du restaurant McDonald’s qui s’est installé là il y a quelques années. Première réaction en découvrant la scène : faut vraiment être un connard pour se faire livrer un Big Mac en pleine pandémie. Deuxième réaction : qu’en est-il de la sécurité des salarié-es au sein du restaurant ? Comment respecter les gestes barrières dans les cuisines exiguës d’un McDo ?

L’article de Médiapart, « Des gens meurent et nous, chez McDonald’s, on vend des nuggets », apporte des réponses édifiantes. Pas de masques, pas de gants, pas de gel hydroalcoolique, des distances de sécurité impossibles à respecter, et surtout de lourdes pressions de l’encadrement sur les salarié-es envoyé-es en première ligne. Extraits.

Dans les jours qui suivent l’annonce du premier ministre, aucune protection n’est mise en place dans le restaurant [des Deux-Lions], affirme Lucie. « La salle était fermée mais le drive et les commandes en livraison continuaient, sans aucune protection, raconte-t-elle. Pas de gants, pas de gel, pas de masque, rien. »

« Ma patronne a vu que je répondais sur un groupe Facebook qui regroupe des équipiers de McDonald’s, et j’ai écrit qu’on travaillait toujours et qu’à l’époque, les seuls masques que l’on avait étaient faits avec du Sopalin. J’ai eu des remontrances de ma patronne et elle m’a laissé le choix : soit je viens et j’arrête de me plaindre, soit je m’en vais et je suis licenciée pour abandon de poste. »

La jeune femme ne se sent pas en sécurité et le dit à ses responsables. Mais face à ses plaintes, la seule réponse est, invariablement, la menace de licenciement.

Au début de l’épidémie, les salariés du restaurant des Deux-Lions étaient moqués par leurs supérieurs quand ils demandaient des masques. Ceux qui ont été assez courageux pour en exiger ont finalement obtenus des « cache-barbe », utilisés toute l’année pour ne pas retrouver un poil dans un burger. « Les salariés doivent tous porter un masque, disponible en restaurant, [...] alors que les recommandations sanitaires ne l’intègrent pas », déclare Bernard Simmenauer. Une affirmation contredite par les témoignages de salariés que nous avons interrogés.

Quand certains d’entre eux ont tenté d’exercer leur droit de retrait, ils ont été la cible de méthodes « humiliantes ». Le 17 mars, quand ont rouvert les restaurants de Bernard Simmenauer, sept équipiers sur les 70 du restaurant des Deux-Lions ont déposé leurs droit de retrait. Mais quinze en ont été dissuadés par la direction. [...] Au restaurant de Châtellerault, aussi exploité par Bernard Simmenauer, les salariés se sont également vu rétorquer que “le droit de retrait n’existait pas dans leur entreprise”.

Alors que McDonald’s a fermé ses restaurants en Belgique, au Royaume-Uni ou en Espagne, que la plupart des restaurants en France sont fermés, Tours se distingue par les pratiques dégueulasses mises en oeuvre par Simmenauer. Qui se fout apparemment de mettre en danger salarié-es, livreur-euses et client-es tant qu’il peut continuer à faire tourner son business.

P.-S.

Si vous continuez à bosser pendant le confinement et que vous voulez témoigner sur vos conditions de travail, vous pouvez écrire à contact@larotative.info