Le best-seller de Juan Branco, un opuscule problématique

Le site Rebellyon propose une recension du livre Crépuscule. Écrit par l’avocat Juan Branco, cet ouvrage prétend dévoiler « les ressorts intimes du pouvoir macroniste ». Mais comme le rappellent les auteur-ices de ce texte, « toutes les critiques des classes dominantes et toutes les dénonciations de la captation du pouvoir par quelques-uns ne sont pas forcément émancipatrices ». Extraits.

Branco semble convaincu qu’il va nous en apprendre de bonnes, qu’il va « expose[r] un scandale démocratique majeur : la captation du pouvoir par une petite minorité, qui s’est ensuite assurée d’en redistribuer l’usufruit auprès des siens » (p. 2) et surtout que « le scandale dont il est sujet n’a pas été dit ni révélé » (p. 2). Or, l’ouvrage se base essentiellement sur deux autres livres : Mimi de Jean-Michel Décugis, Marc Leplongeon et Pauline Guéna (Grasset, 2018) et L’Ambigu monsieur Macron de Marc Endeweld (Flammarion, 2015).


Certain·es lecteur·ices ont sans doute découvert, grâce au livre de Branco, qu’il existe une classe dominante et qu’elle travaille à maintenir sa position par un système d’entre-soi bien rodé. Cela dit, il est très présomptueux de la part de l’auteur de prétendre en faire la révélation. Sans tous les citer, on peut penser aux travaux de Bourdieu et Passeron qui font aujourd’hui autorité, et que beaucoup connaissent sans les avoir lus, ou aux ouvrages des Pinçons-Charlot (qu’on aurait du mal à qualifier de « confidentiels »).


Avait-on besoin de cinquante pages sur monsieur Attal et sur ses conquêtes du lycée pour mieux en saisir le fonctionnement ? Rien n’est moins sûr. On notera par ailleurs que Branco s’acharne sur un Attal lycéen, quand il reproche lui-même à ses détracteurs de le juger sur des erreurs de jeunesse un peu potaches (comme la liste sur laquelle il notait ses camarades féminines). Cette partie du bouquin est particulièrement pénible à lire. Plutôt que de proposer une analyse politique, Branco se livre à un récit digne de la série Beverly Hills. Le name-droping sert autant à flatter son égo surdimensionné (fier comme il est de connaître toute cette haute société) qu’à en jeter pour impressionner, croit-il, les lecteur·ices.

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