La Rabière sous occupation policière

Des renforts de police ont été déployés dans la ZUP de Joué-lès-Tours suite à la dégradation d’un centre d’activités. Une réponse qui témoigne du traitement policier exceptionnel dont fait l’objet ce quartier.

Une compagnie de CRS, la brigade canine et des équipes de BAC. C’est le nouveau déploiement de flics annoncé par la préfète d’Indre-et-Loire, après qu’un feu de poubelle se soit propagé à la façade d’un foyer d’activités pour jeunes dans la nuit du samedi 13 avril. D’après France Bleu Touraine, « la compagnie de CRS patrouillera dans le quartier chaque nuit jusqu’à mardi prochain ».

La Nouvelle République, fidèle relai des discours de la préfecture, assure qu’il s’agit d’« assurer la sécurité des habitants ». Pourtant, les feux de poubelles ou de voitures n’ont pas mis les habitant-es en danger. Quelques actes de vandalisme justifient-ils de placer tout un quartier sous occupation policière ? D’autant que les patrouilles d’équipes de BAC et de CRS risquent de se traduire par un nombre important de contrôles au faciès, d’intimidations et d’humiliations en tous genres, notamment à l’encontre des jeunes du quartier, qui témoignent régulièrement de pratiques de ce type de la part des flics qui y interviennent. Le comportement d’un des agents de la brigade canine est régulièrement mis en cause, et son prénom revient souvent dans les échanges portant sur les mauvais rapports entre la police et les habitants de la ZUP.

« Quartier de reconquête républicaine », une rhétorique d’extrême-droite

Ce déploiement de renforts de police témoigne du traitement exceptionnel dont fait l’objet la Rabière, que la préfète n’hésite pas à diaboliser. Dans un article intitulé « Le constat sans tabou de la préfecture sur La Rabière », illustré par une photo de voitures calcinées, La Nouvelle République présentait récemment la manière dont Corinne Orzechowsi se figure le quartier, réduit à « des phénomènes de bande, la diffusion d’un islam radical et les trafics (drogue, armes, prostitution) ». Des stéréotypes dignes d’un reportage d’M6, qui visent aussi d’autres quartiers de l’agglomération (Sanitas, Rabaterie) et qui participent à la stigmatisation de ces espaces et de leurs habitants.

Depuis le 8 février 2019, la Rabière fait partie des « quartiers de reconquête républicaine » imaginés par le gouvernement en 2018. Ce dispositif, qui se traduit par le déploiement de policiers supplémentaires dans les zones ciblées, s’appuie sur la rhétorique d’extrême-droite selon laquelle certains quartiers seraient des « territoires perdus de la République » ou des « zones de non-droit » qu’il s’agirait donc de « reconquérir ». Dans ce contexte, les habitant-es de la Rabière font figure de nouveaux ennemis intérieurs qu’il s’agit de mettre au pas via la mise en œuvre de dispositifs de contrôle policier exceptionnels.