La Nouvelle République contre la loi Travail, épisode 2

Depuis le début du mouvement contre la loi El Khomri, de nombreuses dégueulasseries ont été publiées dans les pages de La Nouvelle République. Un article paru hier matin fait de nouveau très fort.

Un nouvel article de La Nouvelle Répugnante, paru hier matin sous la plume de son pousse-bobard attitré, M. Pouvreau, vient de battre des sommets dans l’hypocrisie et la mauvaise foi. Où comment allier l’art de la désinformation avec celui de la manipulation — le tout avec un vieux relent de pétainisme.

Pour commencer, interrogeons-nous sur le commentaire de la photo proposée : « A Tours, intervention de la police le 11 juin sur une manif de jeunes radicaux ». Une manifestation, le 11 juin ? Première nouvelle. C’est vrai que depuis lundi on essaye de nous faire gober qu’une manifestation peut être statique... Des jeunes radicaux ? Vache ! Quelques graffitis sur une palissade et voilà notre bête à plumes qui parle de jeunes radicaux ? Si avec un tag on est radical, je n’ose pas imaginer le qualificatif en cas de manifestation après interdiction... Faut dire, et nous allons le voir dans la foulée, l’article est taillé au bazooka.

Ainsi, on considérera le titre en lui-même : « Faut-il interdire les manifs ? ». Voilà tout le courage de notre pisse-copie qui, n’assumant pas ouvertement son parti-pris, utilise l’escroquerie journalistique de base, à savoir l’utilisation du point d’interrogation. Avec ça, il peut à peu près tout dire sans être accusé de prêcher pour sa paroisse. C’est raté.

Terroristes, casseurs, hooligans, crise politique… Tous admettent que l’ambiance est détestable. Nouvelle manif anti-loi Travail prévue jeudi à Tours. (...) Scènes d’émeutes, hordes de casseurs, de hooligans, charges de CRS.

On appréciera de voir que notre chieur d’encre maîtrise tout à fait son sujet quand dans la même phrase il associe les terroristes (ce qui se passe de commentaires), les hooligans (c’est-à-dire, sous-entendues, les violences liées à l’Eurofoot en France) et les « casseurs » (et, donc, les violences issues du mouvement politique contre la loi El Khomri). Déjà, on sent que le baveux veut faire dans la justesse. Pour les amalgames, passez, y a rien à voir !

Grands absents de sa liste : les manifestants et les grévistes. C’est vrai qu’entre le million de personnes mardi dernier et les « 7/800 branleurs » dont parle Louault, chef de la majorité LR-UDI au Département, dans ledit article, il n’y a rien. Quant au soucis de logique qui veut qu’on interdise de manifester à des manifestants et qu’on interdise de casser à des casseurs... Peut-être a-t-il enfin compris que les manifestants ne se désolidarisaient pas des casseurs ?... Ne rêvons pas.

Le procédé est vieux comme le monde : pour mieux discréditer on met tout le monde dans le même panier et on joue sur les mots à forte connotation (si possible la peur) pour faire oublier l’incohérence du propos. C’est ainsi qu’est introduite la prochaine manif de jeudi. Quelle impartialité dans le discours !

« Qu’en pense-t-on en Indre-et-Loire ? (...) député PS. Jean-Marie Beffara (...) Gérard Hénault, élu UDI lochois (...) Vincent Louault, maire, chef de la majorité LR-UDI au Département (...) Olivier Lebreton, adjoint à la police à Tours »

Nouvelle tartufferie de la part de notre charognard en boniments : voilà que notre département se limite à un florilège de conservateurs, proche du pouvoir et de ses éborgneurs en chef. Quid de la population en elle-même ? Ce serait faire trop d’honneur à sa déontologie. C’est que M. Pouvreau, en bon démocrate mondain, n’accorde la légitimité de parole qu’aux représentants du peuple — et si possible son aile la plus conservatrice [1] — et non au peuple lui-même. En quelques lignes, le voilà donc qui balaie les près de 70% de la population toujours opposés à la loi El Khomri et qui soutiennent les personnes qui manifestent (sans distinction de manières). Faut dire : quel mauvais goût de penser par soi-même.

Mais il y a pire.

Non content de biaiser sciemment les débats, non satisfait de se complaire dans sa petite liturgie de scribouillard aux ordres d’un pouvoir anti-démocrate, voilà que notre bourreur de crâne local en profite pour distiller ses fantasmes autoritaires — de biais ! Il suffit de s’attarder sur les morceaux qu’il a choisi de présenter :

« doivent prendre en compte les recommandations des autorités (...) On se croyait un État fort (...) s’ajoute une véritable crise d’autorité de l’État. (...) Il n’y a plus de chef, plus de capitaine. »

Voilà ce qu’il nous manque ! Un chef dans un état fort. Pour un peu on se laisserait dire que c’était mieux avant.

Tiens, cela rappelle quelque chose...

Notes

[1On notera, là encore, une jolie escroquerie journalistique : pour faire bonne figure, on donne la parole aux représentants syndicaux ou politiques dits "de gauche" — mais il ne faudrait quand même pas que ce soit trop visible ! Alors on intègre cette parole non dans l’article lui-même mais à l’intérieur de pages connexes qu’il est nécessaire d’ouvrir via des liens... Ainsi, pour peu que le lecteur soit pressé ou autres, hop, il ne voit rien !