La mensuelle de Sans Canal Fixe : un voyage en terre d’ethnographie

Chaque mois, le collectif de réalisation et de diffusion de documentaires tourangeaux vous invite à des projections. Cette année, le thème retenu est « Rira bien qui rira le dernier ». Voilà, pour ce mois de février, que le collectif nous entraîne en Corse et en Nouvelle-Guinée.

Les deux films présentés sont placés sous le signe du regard ethnographique. Rendez-vous à la médiathèque de La Riche, à partir de 19h, mercredi 14 février.

Le regard documentaire, un pas vers l’ethnographie

Un film ethnographique est un type de documentaire qui aborde des thèmes (traits culturels, coutumes locales) et met en œuvre des méthodes et problématiques relatives à l’ethnologie, l’étude de groupes en société.

Le cinéma ethnographique, dont les origines remontent à Robert Flaherty [1], se développe à partir des années 1960, grâce à l’apparition de caméras légères de format 16 mm, synchronisées avec des magnétophones portables. Il recourt aux techniques du cinéma direct [2].
Les ethnologues français Marcel Griaule, Germaine Dieterlen et Jean Rouch ont largement contribué pour que la caméra soit un outil important dans la recherche en anthropologie. Rouch, de veine anarchiste, transgresse le principe qui dit que, dans la recherche, la caméra doit se distancer le plus possible de l’événement filmé. Il la fait y participer, intervient directement comme acteur dans l’événement en étude, devient un des pionniers de la docufiction.

L’humour comme contre-pied au regard ethnologique

Forza Bastia 78, est un film de Jacques Tati et Sophie Tatischeff (28 min), réalisé comme son titre l’indique en 1978.
C’est à la demande de Gilbert Trigano, président du club bastiais de football, que Jacques Tati, passionné de sport depuis toujours (voir son désopilant mime du gardien de but, entre autres), part en Corse avec trois cameramen et deux ingénieurs du son pour filmer les préparatifs de la finale de la Coupe d’Europe opposant Bastia à Eindhoven au stade Furiani. C’est Sophie Tatischeff, fille du cinéaste, qui, découvrant les rushs des années plus tard, dans sa cave, en assurera le montage. Tel père, telle fille ?
Forza Bastia invente le burlesque documentaire.

Eux et moi est un film de Stéphane Breton réalisé en 2001 (63 min).
Dans les montagnes de Nouvelle-Guinée, s’étend une forêt dense, fendue par des hommes presque nus suivant un obscur fil d’Ariane, avec un ethnologue-cinéaste sur les talons : ce sont "eux" que Stéphane Breton veut filmer. Et lui, devenu "épicier" à son corps défendant, est l’observateur des marchandages qui le lient à ses hôtes en caméra subjective. Voici donc la petite mort du cinéma ethnographique classique, qui ne laisse aucune place à la contemplation et s’essaye à la comédie intimiste.

Notes

[1Il réalise en 1922 Nanouk l’esquimau, un de ses films les plus connus.

[2Pour plus d’informations sur le cinéma direct, vous pouvez lire l’article suivant.