La guerre serait un bienfait des dieux si elle ne tuait que les professionnels

Olivier Pouvreau, journaliste à la Nouvelle République n’aime pas les clowns, quand ils s’invitent à la cérémonie du 11 novembre. Il ne les trouve « pas drôles ». Pouvreau est drôle, lui, quand il affirme : « Antimilitariste, on peut l’être. Contre les guerres, il faut l’être. » Contre les guerres, mais pas contre les militaires, sans doute ?

« La guerre serait un bienfait des dieux si elle ne tuait que les professionnels » J. Prévert

Olivier Pouvreau, journaliste à la Nouvelle République n’aime pas les clowns, quand ils s’invitent à la cérémonie du 11 novembre. Il ne les trouve « pas drôles ». Pouvreau est drôle, lui, quand il affirme : « Antimilitariste, on peut l’être. Contre les guerres, il faut l’être. » Contre les guerres, mais pas contre les militaires, sans doute ? Encore un effort, et il pourra jouer avec les clowns (il prendra le rôle du clown triste).

Je ne suis jamais allé aux commémorations. Ma famille a été bien endeuillée par les deux guerres mondiales. Mon père, qui avait perdu sa jeunesse à l’armée (2 ans de service militaire, puis 5 ans de captivité) disait que la musique militaire, les guignols qui marchent au pas et sont nostalgiques du garde-à-vous, les médaillés de la dernière heure, étaient une insulte à ceux qui avaient subi la guerre.

Alors, tu vois, mon petit Pouvreau, moi je suis antimilitariste, contre les guerres et contre les militaires, sans quoi j’aurais le sentiment de trahir ma famille. Et je dis merci aux clowns tourangeaux d’avoir participé à la mascarade du 11 novembre.

Pour finir, je te conseille la lecture des poèmes de Gaston Couté (1880-1911). Mais attention, là encore, tu ne vas pas trouver que c’est drôle.

Les conscrits

V’là les conscrits d’cheu nous qui passent ! ...
Ran plan plan ! L’ tambour marche d’vant ;
Au mitan, l’drapieau fouette au vent...
Les v’là ceuss’ qui r’prendront l’Alsace !

l’s vienn’nt d’am’ner leu’ numério
Et, i’s s’sont dépêchés d’le mett’e :
Les gâs d’charru’ su’ leu’ cassiette,
Les gâs d’patrons su’leu’ chapieau.

(...)

Pourquoué soldats ? I’s en sav’nt ren,
l’s s’ront soldats pour la défense
D’la Patri’ ! - Quoué qu’c’est ? - C’est la France...
La Patri’ !... C’est tuer des Prussiens !...

La Patri’ ! quoué ! c’est la Patri’ !
Et c’est eun’ chous’ qui s’discut’ pas !
Faut des soldats ! ... - Et c’est pour ça
Qu’à c’souér, su’ l’lit d’foin des prairies,

Aux pauv’s fumell’s i’s f’ront des p’tits,
Des p’tits qui s’ront des gàs, peut-être ? -
A seul’ fin d’pas vouer disparaître
La rac’ des brut’s et des conscrits.

Gaston Couté

Auguste

Illustration : Le dessin est de Jacques Claudot, peintre antimilitariste, envoyé au front en 1916.