On a toujours peu d’informations sur la probabilité d’une deuxième vague de Covid-19
Des travaux de recherche divers ont été menés sur le Covid-19 et sa propagation depuis le début de l’épidémie, avec des outils de modélisation mathématique notamment. Un article (en anglais) publié au tout début du confinement indique que pour éviter l’embolisation des services de réanimation, il faudrait recourir à des confinements itératifs, plus ou moins drastiques, pendant de nombreuses années, alors qu’une deuxième vague, puis une troisième, une quatrième, etc. de la maladie s’enchaîneraient...
Un article plus récent, issu du travail d’un groupe de recherche en France, liste de son côté plusieurs conditions à remplir pour contrôler l’épidémie, comme ne pas doubler les contacts infectieux après le 11 mai [1].
Parmi les inconnues des modèles actuels figure un chiffre clef : quel pourcentage de la population a déjà eu le Covid, et est-elle désormais immunisée ? Ou même, serait-il possible que des exposition à d’autres virus proches par le passé aient permis à des individu·es de développer des anticorps actifs contre le virus du Covid-19 (ce qu’on nomme l’immunité croisée) ? C’est en effet ce que suggèrent des études récentes, encore non relues et évaluées par les pairs, l’une conduite en Allemagne et l’autre aux États-Unis (les deux études sont en anglais, sous forme d’article scientifique). Notons bien que dans ces deux études, les auteur·ices avertissent qu’iels ont pris en compte peu de sujets (86 dans la première et 40 dans la seconde).
La baisse du nombre de morts et de patient·es en réanimation, même après la fin du confinement, semblerait pour le moment donner raison aux perspectives optimistes (comme celle de l’immunité croisée) ; néanmoins, il ne faut pas oublier que si nous sommes plus libres de nos mouvements, la plupart des activités réunissant du monde (manifs, universités, bars, etc.) ne reprendront pas avant le 2 ou le 22 juin, et nous appliquons encore des mesures de précaution, ce qui limite la propagation de l’épidémie. Nul·le ne peut prédire ce qui se passera quand les mesures du post-confinement se relâcheront et il est encore un peu tôt pour connaître précisément les effets du déconfinement sur la propagation du Covid-19, notamment à cause du décalage temporel entre la contamination et l’admission en réanimation des cas graves.
Par ailleurs, comme le souligne une récente synthèse de l’Académie de médecine, la diffusion du virus semble notablement diminuée par la hausse des températures (ce qui expliquerait notamment pourquoi l’Afrique est peu impactée jusqu’à maintenant), faisant craindre un rebond de la pandémie, non pendant l’été, mais au cours de l’automne ou de l’hiver...
D’autre part, certain·es commencent à s’interroger : avons-nous vécu une première vague ou une deuxième vague depuis mars ? En Italie, la secrétaire générale de la fédération des médecins généralistes de Lombardie remarquait que, dans la région de Bergame, on avait constaté un taux élevé de pneumonies et bronchites inexpliquées, dont certains cas mortels vers octobre 2019. Octobre 2019 soit plusieurs mois avant l’arrivée « officielle » de la pandémie en Europe en février 2020. On ne saura jamais s’il s’agissait des premiers cas européens, le diagnostic de pneumonie au Covid-19 ne pouvant se faire que sur une PCR (qui n’était pas disponible à l’époque, puisqu’on ne connaissait pas encore l’existence du virus) ou sur un scanner (qui en pratique n’est que rarement réalisé pour une pneumonie classique, une simple radiographie de thorax étant suffisante, plus rapide et moins coûteuse).
Les doutes subsistent donc en de nombreux endroits. Comme pourraient le dire des chercheur·ses, ici, il nous faut plus de travaux afin d’étayer les différentes hypothèses. De notre côté, dans le doute, sortons masqué·es.
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