Nous avons trop longtemps pensé que les agressions sexistes et sexuelles étaient de la responsabilité des victimes. Que les violences auraient pu être évitées si ces dernières s’étaient vraiment débattues. Que sans bleus ni sang, il n’y avait pas véritablement d’agression. Nous avons trop longtemps admis que les femmes aimaient être contraintes et malmenées. Qu’elles disaient « non » mais pensaient « oui ». Qu’elles ne cherchaient qu’à se venger d’une histoire conflictuelle [2]. Qu’elles n’étaient que des hystériques enragées qui imaginaient des viols qui n’avaient jamais eu lieu. Qu’elles étaient consentantes puisqu’elles avaient invité leur agresseur chez elles, accepté leur invitation à boire un verre, donné leur numéro, gardé contact ou l’avaient revu.
Nous avons trop longtemps cru que la sexualité masculine était pulsionnelle et incontrôlable. Que les accusations envers les agresseurs, harceleurs et violeurs étaient injustes. Que tout ça n’était qu’un malheureux malentendu. Que leur vie allait être brisée si la victime parlait. Les agresseurs, harceleurs et violeurs ont trop longtemps transformé les faits, menacé leur(s) victime(s) de représailles. Et les hommes célèbres, en tant qu’oppresseurs jouissant d’un prestige incontestable, ont trop longuement profité d’une double impunité [3] et les victimes d’une double peine : celle d’avoir été agressées, harcelées ou violées, puis celle d’avoir été licenciées et définitivement blacklistées.
La police a refusé trop de plaintes, soutenu trop d’agresseurs, de harceleurs et de violeurs, nié trop de violences, privé trop de victimes de protection, bafoué trop de droits. La police a été à l’origine de trop de moqueries, de remarques sexistes, racistes, LGBTphobes et validistes [4], a questionné de trop nombreuses fois le « mystérieux » délai entre l’agression et la venue des victimes au commissariat, en oubliant l’existence des mécanismes psychotraumatiques qui empêchaient ces dernières de parler. Alors, dans le doute, on a fait bénéficier les agresseurs, les harceleurs et les violeurs d’une impunité totale, et on a classé l’affaire sans suite.
Les victimes se sont alors senties coupables, impuissantes, ont retiré leur(s) plainte(s), elles ont eu honte, se sont empêchées de sortir, de boire ou de s’habiller comme elles l’entendaient.
Il est temps que tout cela s’arrête. Parce que mettre fin au pouvoir des agresseurs, à l’impunité des harceleurs, au déni des violeurs, c’est sauver la vie de toutes les victimes du patriarcat.
Parce que la prochaine, c’est toi, ta sœur, ta pote, ta mère ou l’inconnue à côté de toi.
Parce que le violeur, c’est toi, ton frère, ton pote, ton père ou l’inconnu à côté de toi.
Des féministes tourangelles.eaux