Jusque-là, la plus belle performance locale de servilité journalistique à laquelle on avait assisté était celle de la journaliste Sabrina Melloult face au maire de Tours. Mais nous avons un nouveau challenger anonyme, auteur du portrait du président de la Chambre de commerce et d’Industrie de Touraine pour La Nouvelle République [1]. On a souligné en gras tous les mots doux du journaliste [2].
Un président discret et tenace
Gérard Bouyer, la soixantaine bien entamée, est un homme discret. Ce patron est pourtant à l’aise avec l’humour ou l’autodérision qu’il manie sans économie. (...) Si ce patron préfère l’ombre à la lumière, sa petite maison au milieu des marais aux palais, il sait aussi faire face à la tempête sans baisser la tête.
(...) Malgré tout, entre des dossiers épineux et des pertes financières en mode grands fonds, ce président de fortune est vite devenu l’homme de la situation. En menant la CCI comme il a dirigé ses entreprises – avec succès – Gérard Bouyer a remis l’institution sur les rails d’une navigation propre et saine (...).
A lui, le retour dans cette ombre discrète qu’il affectionne tant. (...) Et d’avouer, philosophe : « On ne m’aura rien épargné, j’aurais tout pris… » Il ne l’avouera pas, par pudeur et amitié, mais sans doute, pendant ces trois années, aurait-il souhaité avoir eu davantage de soutiens politiques…
C’est un festival de qualificatifs élogieux : discrétion, humour, ténacité, pudeur, philosophie, amitié, bravoure, succès. Parions que Boyer a ronronné de plaisir en lisant tout ça.
Pudiquement, ce portrait ne s’attarde pas sur le fiasco de l’école de commerce de Tours, attribuable en partie à la CCI de Tours — et notamment à son ancien président, Serge Babary. Et dans l’article qui accompagne le portrait, les difficultés financières de la CCI sont essentiellement mises sur le compte de la baisse des dotations de l’État [3]. Les relations entre les patrons et le seul quotidien local restent au beau fixe.