La Confédération Paysanne manifeste contre une ferme industrielle à Preuilly

Ce mardi 1er avril, la Confédération Paysanne 37 organise une manifestation à Preuilly-sur-Claise pour dénoncer la pollution générée par une exploitation agricole regroupant plusieurs centaines de vaches.

Une ferme de 400 vaches

En 2012, La Parentière, cette exploitation agricole de Preuilly-sur-Claise gérée par la SCL AMIA, a été poursuivie pour une affaire de pollution. Créée en 2006, cette exploitation avait pour objet de regrouper plusieurs exploitations locales en difficulté, situées sur les communes de Preuilly-sur-Claise, Yzeures-sur-Creuse, et Bossay-sur-Claise). Les différents sites ont été regroupés sur un seul. Vu la taille de l’élevage, le dossier de ce projet a été soumis à enquête publique.

Malgré les réserves formulées par la Confédération Paysanne au cours de l’enquête, notamment concernant la quantité d’effluents produits par l’exploitation projetée, un avis favorable a été émis. Cet avis mettait en avant une amélioration de la qualité du lait, le bien-être des animaux — bien que ceux-ci ne sortent pas des bâtiments —, et une réduction de la pollution environnementale grâce à l’utilisation de l’hydrocurage. L’avis ne tenait pas compte de la proximité des ruisseaux, ou de la fragilité des terrains environnants.

En 2009 et 2010, suite à des alertes par le maire de Preuilly sur les conditions d’épandage, des inspections des installations ont été effectuées par la Direction départementale de la protection des populations (DDPP). Elles ont permis de constater des dysfonctionnements dans les dispositifs de récupération et de traitement des lisiers qui débordent dans le milieu naturel et en particulier le ruisseau de la Bergaudière. Des arrêtés de mise en demeure sont signés par le préfet pour exiger de la part de l’exploitant de remédier à ces dysfonctionnements.

En 2011, une nouvelle visite d’inspection met en évidence un engorgement, mais sans atteindre le milieu naturel. Aux vus de ces dysfonctionnements récurrents, un plan avec des prescriptions est imposé par le préfet (après avis du Conseil Départemental de l’Environnement et des Risques Sanitaires et Technologiques) afin de sécuriser le site.

La pollution en procès

En 2012, le tribunal a été saisi par des riverains constitués en partie civile. Les débats au cours du procès ont permis de confirmer et valider une série de faits, notamment la non-conformité des pratiques d’épandage et la pollution atteignant la Claise. Une mise en demeure avait été signifiée à la société gérante de l’exploitation, mais les riverains considèrent que les nuisances n’ont pas cessé.

Lors du procès, le procureur de la République avait déclaré : « le lien de causalité entre l’exploitation et la pollution est évident ». L’avocat de la société et Jean Dagorret, représentant légal de la société, avaient reconnu qu’il y avait bien eu des incidents, mais assuraient que la société avait remédié à la situation. Le procureur avait requis 80 000 euros d’amende contre la société exploitante, qui n’a finalement été condamnée qu’à 10 000 euros d’amende avec sursis par le tribunal.

De nouvelles pollutions

Aujourd’hui, d’après la Confédération paysanne, le lisier de la ferme est de nouveau déversé dans les fossés, et cette fois délibérément. Depuis des mois, le syndicat de paysans intervient auprès de l’administration pour mettre en demeure l’exploitation de respecter son plan d’épandage et que cessent des actes délibérés de pollution, ainsi que les nuisances diverses aux riverains. Faute de réponse des autorités, la Confédération paysanne appelait à manifester ce mardi 1er avril.

Pour la Confédération paysanne, cette ferme est le symbole d’une agriculture qui fera disparaître les paysans. Elle n’est pas compatible avec une agriculture paysanne pourvoyeuse d’emplois, de produits de qualité, et respectueuse de l’environnement.