La bataille de la Plaine à Marseille ou comment les habitants ont décidé de combattre la gentrification

A Marseille, depuis le 11 octobre, les habitants du quartier de la Plaine se battent contre la mise en route du chantier de rénovation de la place centrale du quartier. Petite synthèse de la lutte qui les oppose aux forces de l’ordre et aux décisions hallucinantes de la Mairie, qui a érigé un mur en béton de 2,5 mètres de haut pour protéger son chantier.

Depuis le 11 octobre 2018, date de début du chantier de rénovation de la place promis par la mairie pour gentrifier le quartier, la colère des habitant.e.s et usager.e.s ne retombe pas. Après 8 premiers jours d’altercations avec les CRS, de tronçonnage d’arbres, d’occupation de la place, de répression physique et judiciaire, de grosses manifestations, de résistance et de petits bousillages de l’avancée des travaux, ceux-ci sont suspendus, de fait, le 19 octobre. Le temps pour la préfecture et la Soléam — officine de la mairie de Marseille chargée de l’aménagement et de la gentrification de la ville — d’élaborer une « sécurisation » à la hauteur de l’écrasement du quartier qu’ils ont planifiés : un véritable mur d’enceinte.

Acte 1 : un projet sans concertation, un quartier opposé au projet [2015-2018]

Depuis 2015, un certain nombre d’habitant.e.s et d’usager.e.s du quartier font entendre leur voix contre le projet de la Soléam qui rime plus avec nettoyage social qu’avec remise en état de la place que la mairie laisse pourrir volontairement. Cette « montée en gamme » du quartier, synonyme de gentrification, déplait à de nombreux plainard.e.s. Certain.e.s se regroupent en assemblée : cela devient la désormais fameuse Assemblée de la Plaine. Il faut défendre ce quartier historique ! La mairie, comme avec Euromed et l’aménagement de nombreux autres quartiers, ne l’entend pas de la même manière, en préférant opacité, brutalité et gros pognon.

Acte 2 : liquider le marché, liquider les forains [septembre-octobre 2018]

Les travaux, annoncés pour septembre 2018, sont déjà repoussé de quelques semaines. Il faut en finir avec ce marché populaire, virer les forains et tout activer pour qu’à l’avenir un marché à touristes et à bourgeois puisse enfin voir le jour. Maniant tour à tour la carotte puis le bâton, la mairie parvient au bout de quelques semaines à chasser les forains du marché, jouant la division ethnique, économique et statutaire. 300 forains sont finalement quasiment mis sur la paille. Il s’agit désormais pour la mairie et la Soléam de couler économiquement les autres commerçants du quartier, avec les mêmes méthodes : les promesses douteuses et les petits coups de pressions.

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