Pour le webzine 37°, c’est un « livre événement ». La « Nouvelle République », elle, annonçait en début de semaine en une : « Suicide de Jean Germain : le livre qui accuse », avant de revenir à un titre plus modéré en pages intérieures : « Le suicide de Jean Germain exploré ».
Arnaud Roy, journaliste indépendant qui collabore à 37°, et Alain Dayan, ancien adjoint de Jean Germain, publient le 1er octobre un livre intitulé Enquête sur un suicide politique. Leur investigation les aurait amenés à rencontrer le « complice » du « corbeau » qui aurait mis la puce à l’oreille des journalistes du Canard Enchaîné concernant ce qui allait devenir l’affaire des mariages chinois. Apparemment, pour les auteurs, la personne ayant fourni des informations à la presse ne pouvait pas juste vouloir mettre fin à une situation anormale ; pour eux, c’était forcément une affaire personnelle, Dayan laissant clairement entendre que cette personne porte la responsabilité du suicide de Germain. Rappelons quand même que cette affaire a valu à Jean Germain d’être poursuivi pour complicité de prise illégale d’intérêt et de détournement de fonds publics.
Voilà ce qu’ils expliquent dans une interview accordée à 37° :
Roy : [Dans l’enquête], on retrouve le complice du corbeau de l’affaire, ce corbeau qui va envoyer les dossiers au Canard Enchaîné et à la presse locale. (...) Qui a voulu nuire à Jean Germain, pourquoi ?
Dayan : [Le corbeau] n’est pas virtuel. [C’est] un homme de chair et de sang, qui avait ses raisons, qu’on a eu nous du mal à comprendre mais il avait lui-même ses propres raisons d’agir comme ça, mais il y a eu une mécanique politique qui a fait que cette affaire s’enclenche... (...)
Roy : Moi j’ai un regard parfois d’étonnement, parce que je me dis, voilà, pourquoi on envoie des dossiers à un célèbre canard ou un célèbre journal pour nuire aux gens... Je comprends pas trop cette délation, humainement je la comprends pas. Je comprends pas qu’on puisse nuire comme ça avec des courriers, avec des... Et même si c’est peut-être un combat politique d’arrière-garde qui se cache derrière tout ça. (...)
Dayan : Certains protagonistes vivront toute leur vie avec ce qu’ils ont fait.
Mais ce mercredi 23 septembre, le Canard enchaîné envoie joliment promener les deux auteurs :
Cinq mois à peine après [le décès de Jean Germain], le 7 avril, ce duo de choc met déjà en vente un ouvrage ébouriffant, « Enquête sur un suicide politique » (Cherche Midi). [1]
Le premier, « journaliste indépendant » qui devrait le rester, flanqué du second, ancien adjoint municipal de Germain, reprennent en chœur, avec le journal local « La Nouvelle République », qui en fait ses choux gras, une ânerie dont on ne sait plus s’il faut rire ou pleurer : à l’origine des déboires judiciaires de l’ex-maire et de son affaire des « mariages chinois », c’est un « corbeau » qui aurait anonymement balancé au « Canard » un « dossier bien monté » contre lui. Un « personnage obscur » qui « avance masqué » avec « certainement des complicités », peut-être même un « réseau », qui sait, dont les traces se perdent dans les milieux d’extrême-gauche... Croa !
Si les deux enquêteurs s’étaient donné la peine de seulement passer un coup de fil au « Canard », ils auraient découvert qu’il n’y avait jamais eu la queue d’un « corbeau » dans cette histoire.
En août 2011, c’est une source parfaitement connue du Palmipède, du genre citoyen normal qui trouve qu’il se passe des choses anormales dans sa ville, qui fournit une partie des factures des mariages chinois organisés par la mairie, avec pour seul souci de montrer que ces guignolades folkloriques coûtent un peu cher au contribuable. Et il n’y a aucun « dossier bien monté »...
Clairement, c’est pas avec des enquêtes du genre de celle livrée par Roy et Dayan qu’on en apprendra plus sur les « choses anormales » qui peuvent se produire à Tours. Faudrait pas nuire aux notables du coin.
Image tirée du film Le Corbeau.