Interpellé pour une photo, il est tabassé par les flics et écope d’un rappel à la loi

Le 23 novembre dernier, le dessinateur Azo a été arrêté par des flics qui lui reprochaient d’avoir pris une photo. Brutalisé, placé en garde à vue, il a écopé d’un rappel à la loi pour « rébellion ». Nous reproduisons ici le témoignage qu’il a publié sur son blog.

Samedi 23 novembre 2019, après la manif contre les féminicides qui s’était terminée aux Halles, en rejoignant notre voiture, nous nous sommes arrêtés place Jean Jaurès pour papoter deux secondes avec un ami. Il n’y avait plus de manifestants, ni de manifestation, seulement deux trois Gilets jaunes dispersés. Je ne manifestais donc pas à ce moment-là, ne portais ni gilet jaune, ni signe distinctif, la manifestation contre les féminicides à laquelle je venais de participer était terminée depuis une demi-heure aux Halles.


J’ai juste pris une photo de la façade de l’Hôtel de ville avec, devant, le fourgon de la police qui venait d’arriver. 
Un policier m’a alors « sauté dessus », m’a demandé d’effacer cette photo, a voulu me prendre mon portable, ce que j’ai refusé puis c’est parti en vrille… [1] jusqu’à l’arrivée de la BAC et mon interpellation abusive et particulièrement brutale.

Une fois la porte du véhicule de police fermée par la policière, ça a été très violent : tirage du bras en arrière pour me mettre les menottes m’occasionnant un violente douleur à l’épaule, plaquage avec genou sur le dos m’empêchant de respirer normalement et m’occasionnant des douleurs aux côtes, menottes très serrées, coups au visage, violence verbale et insultes.

Arrivée au commissariat, brutalité injustifiée également pour me faire descendre du véhicule alors que j’étais sur le ventre et menotté dans le dos. Les policiers n’ont aucune retenue, c’est intolérable…

Une fois dans le commissariat, les policiers du site on fait leur boulot normalement, rien à redire. Ce que je dénonce, une fois de plus, c’est la violence lors de l’interpellation.

Arrêté samedi à 17h45, puis mis en garde à vue jusqu’à dimanche matin 11h.
 Une nuit de merde, une épaule en vrille (quasi impossibilité de me servir de mon bras gauche) et des côtes très douloureuses.

Ce qu’il m’est reproché :


 « D’avoir le 23/11/2019 à TOURS, […], seul et sans arme, opposé une résistance violente à des personnes dépositaires de l’autorité publique, agissant dans l’exercice de leurs fonctions pour l’exécution des lois. »

Rien que ça ! Dimanche matin, avant de me libérer, verdict :

« Rappel à la loi par officier de police judiciaire » stipulant que « le TGI TOURS a décidé de ne pas donner de suite judiciaire à la présente procédure, à la condition qu’il ne commette pas une autre infraction dans un délai de 6 ans et qu’à défaut, il sera poursuivi devant le Tribunal. »

Six ans ! Qu’est-ce qu’on entend par « une autre infraction » ? C’est clairement une pression pour que j’arrête de témoigner par l’image.

Illustration : capture d’écran de la vidéo montrant l’interpellation d’Azo.