Interpellation zélée et agressive à la gare de Tours

Je souhaiterais signaler une scène dont j’ai été témoin, le 27 août dernier à la gare de Tours et qui concerne en partie le personnel de le SNCF. C’était la dernière semaine d’août.

En descendant du train à Tours, après avoir pris le train Orléans-Tours, j’ai vu cinq ou six membres de la police ferroviaire et « police normale » et au moins un (peut-être deux) contrôleurs de la SNCF autour d’un seul type. Comme j’ai vu que le monsieur ne parlait pas bien français, je me suis approchée en disant que je pouvais faire l’interprète entre l’anglais et le français. Ça peut sembler cliché, mais l’anglais est souvent assez parlé parmi les personnes migrantes, parce que c’est une langue globalisée.

Le monsieur ne parlait pas français et en réalité, il ne parlait pas très bien anglais non plus, mais pouvait dire quelques phrases courtes. J’ai réussi à comprendre qu’il avait fraudé le train car il devait absolument voir la Croix-Rouge à Tours, pour un rendez-vous lié à une demande d’asile politique.

Les forces de l’ordre ont tenté de me convaincre qu’ils leurs avaient donné un faux papier, puisqu’il leur avait tendu le document d’une personne de 27 ans d’âge. Il a alors signifié que non, il avait 39 ans, et qu’il n’était pas la personne sur le papier, mais qu’il s’agissait d’une personne à contacter.

Il avait pourtant un autre papier de la préfecture d’Orléans avec son nom et une photo, ainsi qu’un rendez-vous pour fin septembre pour une demande d’asile. Je n’ai pas eu le temps de lire correctement ce document et de prendre son nom, parce que juste à ce moment, les policiers : « On l’embarque ».

Mais ils ne voulaient pas dire où et ils ne voulaient pas non plus que je continue de parler avec lui pour pouvoir au moins noter le nom de la personne à contacter ou le sien.

Autre chose, pendant que j’étais encore sur le quai avant que les choses dérapent, au contrôleur qui avait chopé le monsieur en train de frauder, j’ai répondu : « Mais peut-être est-il entré à Saint-Pierre-des-Corps » (la station juste avant Tours), et là le contrôleur m’a dit que « Non, il est monté à Orléans », ce qui veut dire qu’il a été séquestré dans le train entre Orléans et Tours, alors que si le contrôleur ne voulait que « faire son travail », il l’aurait fait descendre à la station après Orléans. Il ne l’aurait pas gardé comme cela pour le livrer à la police.

Comme les policiers était en train de s’en aller, je les ai suivis en disant que je voulais continuer à parler avec le monsieur. Tout un coup, un des policiers, qui semblait être leur supérieur, s’est mis très proche de moi et a crié : « Vous avez que ça que à foutre d’empêcher la police de faire son travail ? » et qu’il allait me mettre en gardav’ [1].

J’avoue que c’était assez effrayant. Heureusement, j’ai eu le réflexe de hausser la voix pour que les autres personnes présentes à ce moment dans la gare voient ce qui se passait, qu’on menaçait d’arrêter une interprète bénévole. Et donc ils ne l’ont pas fait, même si personne n’a réagi à ce qui se passait. Le policier a quand même demandé ma carte d’identité et a pris mon nom et l’adresse sur la carte. Ils ont en revanche amené le monsieur hors de ma vue et je ne sais pas ce qui lui est arrivé.

Une fois les policiers partis, j’ai ensuite fait le tour de la gare pour raconter ce qui venait de se passer et la majorité des guichetiers et personnels de la SNCF présents semblaient approuver ce qui venait de se passer ; les autres n’ayant visiblement « rien vu ».

Une passagère de l’Orléans-Tours

Notes

[1Garde à vue.