Il était une fois dans l’Ouest : à propos du procès du chef de la BAC de Rennes

Le 20 juillet 2017, le chef de la brigade anti-criminalité de Rennes passait en procès pour violences par agent dépositaire de l’autorité publique, faux en écriture publique et dénonciation calomnieuse.

Comme l’avaient appris les flics de Tours il y a quelques années, quand on frappe un individu qui ne résiste pas à son interpellation, il vaut mieux éviter de le faire devant une caméra de vidéo-surveillance [1]. Pour avoir mis un coup de genou dans le visage d’un habitant du quartier Sarah Bernhardt, à Rennes, le chef de la BAC locale s’est retrouvée devant un juge. Le procès, chroniqué et analysé par le groupe « Défense Collective » de la ville, illustre bien les pratiques de la police et les rapports entre cette institution et la justice. Extraits.

« Le procureur découvre les conclusions de l’IGPN : un interpellé blessé, une vidéo et des témoins qui accablent le Major Fifi, des falsifications grossières d’un procés-verbal et d’une main courante pour appuyer la version du chef de la BAC... L’institution doit réagir pour se protéger, le Major Fifi, après avoir été auditionné par l’IGPN, reçoit sa convocation au tribunal. Le ministère public l’accuse de violences, de faux en écriture et de dénonciation calomnieuse. Le Major se retrouve sur le banc des accusés, et celui contre qui il avait porté plainte se retrouve dans son rôle de partie-civile, le monde à l’envers... »

Alors que la juge lui faisait avouer après une demie-heure de bafouillements pathétiques que les violences menées par Sony à son encontre étaient inventées de toutes pièces, Philippe Jouan n’a pas pu s’empêcher d’invoquer des « jets de projectiles à l’extérieur du bar » ne figurant dans aucun PV et en totale incohérence avec les descriptions faites par les autres officiers. Il finira par se rétracter minablement devant la juge consternée : « Je vous dois la vérité [...] je ne vois pas ce qui tombe ».

A ce stade, il ne fait plus aucun doute que le procureur se fout comme de l’an 40 de la question des « violences policières, » acquises comme une nécessité vitale de l’appareil judiciaire. L’enjeu est pour lui de rétablir la confiance « entre tous les acteurs de la chaîne pénale », et de mener campagne pour réhabiliter l’institution policière, notamment au niveau médiatique. [...] On comprend alors que ce procès est orchestré de A à Z par le procureur de la République, qui a choisi de faire un exemple dans un contexte marqué par la médiatisation massive des pratiques de la police, en premier lieu les meurtres et les coups de pression sanglants de ces dernières années.

L’intégralité de la chronique du procès est à lire sur Expansive.info.

Notes

[1Voir Intervention au Sanitas : la vidéo trahit les policiers sur La Nouvelle République.