Fermeture des centres d’orientation : l’aggravation des inégalités sociales au profit des coachs privés

Depuis la reprise en main du service de l’orientation par Blanquer, les missions changent, les moyens financiers et humains se réduisent. Plusieurs Centres d’information et d’orientation (CIO) sont menacés de fermeture au niveau du département, dont celui de Tours.

En Indre-et-Loire, il existe cinq CIO, implantés à Chinon, Loches, Amboise, Tours et Joué-les-Tours. Le ministère s’engage dans sa réforme de l’orientation à conserver un centre d’accueil par département. Celui de Tours est le premier sur la liste à disparaître à la rentrée scolaire prochaine, trois autres devront suivre. Il est clair que ceux des territoires ruraux sont en grand danger, notamment ceux de Loches et Amboise, qui pâtiront dès la rentrée prochaine de la suppression de cinq postes administratifs.

Les raisons d’une disparition programmée

Il y a un an, le ministre de l’Éducation Nationale décidait, sous couvert de dysfonctionnements, de transférer les compétences des CIO aux régions. Une des conséquences directe est la fermeture de bureaux sur l’ensemble du territoire national. Blanquer argue du fait que les Conseillers (Psy-EN) sont présents dans les établissements scolaires, ce qui leur permet d’effectuer correctement leur mission d’orientation. Or, c’est soit méconnaitre le bien plus large spectre des missions de ces fonctionnaires, soit c’est décider d’abandonner purement et sciemment une certaine partie de la population, sous couvert d’économies de moyens.

Les conseiller-ères d’orientation travaillent effectivement au sein des établissements du secondaire, mais sont aussi en étroite relation avec les services éducatifs, les services médico-sociaux, les associations de parents et les missions locales présents sur leur secteur d’implantation géographique.

Quel public sera fragilisé par ces fermetures ?

En fermant les centres d’information et d’orientation, c’est tout un pan des missions des conseillers qui disparaît. Car la préparation aux études supérieurs et les suivis scolaires ne sont qu’une frange du travail des conseiller-ères. Les personnes amenées à venir à leur rencontre dans ces lieux neutres et publics peuvent être des élèves du public ou du privé, des familles, des décrocheurs, des élèves non francophones, des jeunes non scolarisés, des étudiants, des adultes en reconversion professionnelle... L’État, clairement, en fermant ces lieux, abandonne les publics non scolarisés.

Pour les conseillers, c’est aussi un lieu de vie qui ferme. Les CIO servent de creuset aux différents acteurs du secteur pour se réunir, travailler en équipe, stocker les documentations. Souvent les bureaux étaient partagés avec les missions locales, les bureaux d’information jeunesse, autant d’espaces qui ne se côtoieront plus. Les travailleur-euses vont se retrouver sans bureau fixe, sans lieu partagé où se retrouver. Et durant les congés scolaires, notamment la longue période estivale, il n’y aura plus aucun moyen d’accueillir les publics, puisque les établissements scolaires seront clos.

Encore une fois, la porte s’ouvre à la marchandisation des services publics

Cette suppression des lieux, avec les suppressions de postes qui vont en découler, ouvre la porte des établissements scolaires aux organismes privés mandatés par la Région qui, sous couvert d’une meilleure information sur les métiers aux élèves, viendront défendre les intérêts économiques régionaux à court terme. Les entreprises privées de « coaching scolaire » ont d’ores et déjà compris l’opportunité qui s’ouvraient à eux, des conseils d’orientation en ligne et payant fleurissent sur le net.

Le 19 mars, journée de grève nationale des secteurs privés et de la fonction publique, les conseiller-ères d’orientation d’Indre-et-Loire seront dans le cortège tourangeau. Pour défendre leur emploi, pour défendre l’accès à un service public d’orientation égalitaire.

P.-S.

Le communiqué de presse émanant du collectif des CIO d’Indre-et-Loire est à lire ci-dessous.